Marseille est souvent décrite comme la plus vieille ville de France, mais une commune de l’Hérault la dépasse d’une vingtaine d’années.
Non, ce n’est pas Marseille ! Contrairement à la croyance populaire, la cité phocéenne n’est pas la plus vieille ville de France. Sa date de création remonte bien aux alentours de 600 avant J.-C. Mais une ville aurait été fondée quelques années avant Marseille, précisément un quart de siècle. Et, elle se trouve en Occitanie, dans le département de l’Hérault. Il s’agit de Béziers. Son histoire urbaine commence effectivement tôt. Elle a été construite au plus tard vers 625 avant J.-C. au sommet de la colline Saint-Jacques, par des colons d’origine dorienne, l’une des ethnies majeures de la Grèce antique. Une date qui a été confirmée par de toutes récentes découvertes.
En effet, les chantiers archéologiques de l’îlot Saint-Jacques et de celui des Chaudronniers, et le sondage des Halles, menés ces dernières années, ont permis de la préciser. « Il y a encore peu de temps, les marqueurs matériels pointaient une fondation autour de 590 avant J.-C. », précise le service archéologique municipal de Béziers. Des données acquises en centre-ville, dans les années 1980, estimaient effectivement que Béziers était au moins aussi précoce que Marseille. Ce qui constituait déjà une découverte majeure. Avant, la grécité, c’est-à-dire le caractère grec, de Béziers était effectivement totalement ignorée. Et pour cause, aucune fouille archéologique n’avait encore été menée en centre-ville.
Si les Grecs se sont établis sur la colline de Saint-Jacques, ce n’est pas par hasard. En effet, ils y avaient noué des contacts avec les populations locales, y avaient vu un certain potentiel agricole et commercial et avait besoin d’implanter de nouvelles colonies pour offrir à leurs nombreux citoyens un cadre et des moyens de subsistance, comme l’explique le service archéologique. Tout d’abord, les Grecs érigent un site défensif d’une superficie proche de 2 hectares. Il se transforme bientôt en ville d’environ 12 hectares. Une première agglomération qui portait vraisemblablement le nom de Rhòde, selon les dernières recherches. Celle-ci avait alors toutes les caractéristiques d’une cité grecque.
En effet, son urbanisme suit un plan orthonormé. Ses larges rues sont bordées de maisons, de boutiques et d’ateliers artisanaux, notamment de poterie et de métallurgie. Une boulangerie se trouvait même près de La Madeleine. Les édifices sont par ailleurs couverts de tuiles en terre cuite dès -500 avant J.-C., alors que celles-ci sont inconnues dans le reste de la Gaule et le resteront jusqu’à la période romaine. D’après les découvertes réalisées, l’agora, le centre politique et culturel de la cité, aurait pris place entre les Halles et l’hôtel de ville, et un bâtiment public lié au culte se trouve sous l’actuelle place du Forum. Dans cette zone, des dépôts votifs, fragments de poupées en terre cuite et de vases cultuels ont notamment été retrouvés.
Vers 500 avant notre ère, Rhòde est une agglomération qui s’étend sur plus de 35 hectares. Ce qui en fait « le site le plus vaste et le plus dynamique entre le Rhône et les Pyrénées », souligne le service archéologique. En plus de la culture de la vigne, la vinification et la plantation d’oliviers, la production de céramiques tournées y est florissante. Preuve en est, le nombre de fours de potier y est très important. Toute sorte de vaisselle et objets en terre cuite y étaient alors confectionnés. Le travail du métal et la confection textile ont également une place importante. Enfin, on y réalisait la collecte et le commerce du corail rouge de Méditerranée qui devait être échangé avec les populations celtiques.
Le Ve siècle avant J.-C. est donc une période prospère pour Béziers. Mais cela ne va pas durer. En effet, à partir de 350 avant notre ère, un certain essoufflement se fait ressentir. Et celui-ci ne va pas s’améliorer. Bien au contraire. Il va effectivement s’accentuer et conduire, ni plus ni moins, à l’abandon total du site vers 300 avant J.-C. « En l’état actuel des recherches, aucune occupation du IIIe siècle n’a pu être mise en évidence », précise le service archéologique municipal. Il faudra attendre le début du IIe siècle avant notre ère pour que le site soit de nouveau occupé par les Gaulois, puis les Romains. Et encore bien des siècles pour que la ville de Béziers, telle qu’on la connaît aujourd’hui, voit le jour.
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