L’intelligence artificielle se développe à vitesse grand V et intègre sans cesse de nouveaux usages. Bien maîtrisée et sécurisée, elle offre notamment l’opportunité aux entreprises et professions libérales d’améliorer leur productivité et d’optimiser leurs ressources. C’est notamment le cas des professions juridiques et comptables. Deux start-up toulousaines, spécialistes de l’IA générative à destination des avocats, comptables et autres notaires, reviennent sur les avantages de cette technologie pour le secteur, mais aussi des risques qu’il convient de limiter.
« C’est une révolution ! », reconnaissait le président de l’Ordre des experts-comptables Occitanie, Éric Gillis, en février dernier. « Une révolution qui va transformer la profession, mais dont il ne faut pas avoir peur », expliquait-il au sujet de l’avènement de l’intelligence artificielle dans le secteur de la comptabilité. Car, tout comme dans celui du juridique, les avantages sont nombreux. Le premier d’entre eux étant l’automatisation des tâches rébarbatives.
Synthèse d’articles de loi, recherches juridiques, vulgarisation, lecture de doctrine, génération de documents juridiques préformatés (procès-verbaux, comptes rendus, contrats types, factures)… Les outils d’IA générative peuvent effectuer ces missions à faible valeur ajoutée, et chronophages, en quelques secondes. Ceci grâce à la technique de la génération augmentée de récupération (RAG) : cette méthode permet d’améliorer la qualité de réponses aux requêtes en exploitant des ressources sans cesse renouvelées et mises à jour. « Un avocat peut ainsi charger sa base de contrats, puis demander à l’IA d’en générer de nouveaux, via un prompt prédéfini. Il obtiendra immédiatement un document juridique, personnalisé pour son client, et respectant la trame de ses précédents actes », précise Brice Bourdel, cofondateur toulousain d’Artemia, éditeur de solutions d’intelligence professionnelle.
Il s’agit là de réels assistants de production documentaire, qui réalisent rapidement un travail de secrétariat juridique. Chez JurIA, éditeur toulousain d’une solution dédiée aux cabinets d’expertise comptable, toutes les tâches inhérentes aux démarches administratives courantes d’une société sont prises en charge par l’IA, de la rédaction d’une annonce légale à l’envoi au greffe du tribunal de commerce, en passant par les signatures des actes. Des process automatisés, qui repèrent même les anomalies dans les données chargées : « Ils pourront ainsi détecter les incohérences et proposer au professionnel de les corriger. Cela permet de limiter au maximum l’erreur humaine », explique Raphaël Blanc, cofondateur de JurIA. Les outils d’intelligence artificielle générative peuvent même accompagner l’avocat, notaire ou expert-comptable à réaliser les missions complémentaires induites par la détection d’irrégularités.
Les outils d’IA deviennent alors les petites mains des professionnels juridiques et comptables. Mais l’instantanéité des réponses fournies les rendent cent fois plus performants et plus rapides que de vrais assistants. « Un gain de temps énorme pour nos clients, qui peuvent alors se concentrer sur d’autres missions comme le conseil aux entreprises », avancent en chœur le CEO d’Artemia et celui de JurIA. Et une économie sur la masse salariale des les cabinets. Cependant, l’automatisation de la production ne dispense pas le professionnel de vérifier les documents finaux, au contraire.
D’abord, parce que les actes restent sous leur responsabilité. Si un document n’est pas conforme ou comporte des inexactitudes, c’est l’avocat, le notaire ou l’expert-comptable qui devra en répondre. Ensuite, parce que l’IA est perfectible et donc capable de se tromper. Pour limiter les erreurs, les deux start-up toulousaines proposent des outils semi-automatiques. « JurIA est entièrement modifiable, à toutes les étapes », justifie Raphaël Blanc. Du côté d’Artemia, « rien n’est finalisé sans validation humaine », assure Brice Bourdel, qui rappelle d’ailleurs que leurs clients sont formés à leur outil afin de mieux le maîtriser et mieux appréhender les risques d’hallucinations (une réponse fausse ou trompeuse qui est présentée par l’IA comme un fait certain).
Reste la dimension confidentielle inhérente aux professions juridiques. Là aussi, les dernières innovations des outils IA en font des dispositifs fiables. Mais par précaution, les éditeurs proposent des services qui optimisent la sécurité. Artemia a fait le choix d’un développement en interne à la différence des IA en open source : « Notre solution est hébergée sur site (on-premise), chez notre client. Ainsi, personne d’autre que lui et ses collaborateurs n’a accès aux données », garantit Brice Bourdel.
JurIA, lui, est 100% cloud, mais il affiche des garanties sûres : « Nous sommes hébergés en France (OVH), labellisés SecNumCloud et totalement conformes aux règlementations RGPD », détaille Raphaël Blanc, qui estime que le seul risque encouru par ses clients est d’être victimes de phishing (hameçonnage) à l’intérieur même de leur entreprise.
Il revient donc à chaque avocat, notaire ou expert-comptable de bénéficier des avantages de l’IA générative, de s’approprier les outils dédiés pour ne pas rater le virage de cette innovation, qui deviendra bientôt la norme. Tout en restant vigilant, rigoureux et professionnel. Car, seul le bon usage d’une innovation en fait un progrès.
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