Investie par son parti Génération.s, Isabelle Hardy se porte candidate à la candidature de l’union des gauches en vue des Municipales 2026 à Toulouse. Elle revient, pour le Journal Toulousain, sur les discussions, encore en cours, entre les différentes formations du potentiel rassemblement, les avancées concrètes, et ses propres ambitions.
Isabelle Hardy, les discussions entre Generation.s et les autres forces de gauche toulousaines avancent. Où en êtes-vous à date ?
Les Verts et Archipel ont acté officiellement leur alliance le 18 septembre dernier. De notre côté, nous avons des échanges avec le Parti Socialiste, le Parti Communiste, le Parti Radical de Gauche (PRG), le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), et Place Publique. Mais aussi avec Archipel Citoyen et les Écologistes. Et s’il ne s’agit pas d’accords de liste, nous nous accordons sur une volonté commune : si nous voulons gagner, l’union de la gauche et des Écologistes est indispensable. Et je considère que c’est tout à fait possible ! C’est mon tempérament positif ! Pour cela, nous devons continuer à discuter, et pas qu’entre nous. Une union de la gauche doit s’ouvrir aux citoyens, et pas forcément qu’à ceux membres d’Archipel, à l’image de Tous pour Toulouse, qui représente les associations de quartiers populaires.
Nous sommes tous d’accord également pour reconnaître qu’il n’y a pas d’homme ou de femme providentiel, il va donc falloir que nous trouvions un chemin commun pour désigner une tête de liste. Cette dernière mènera une liste qui reste à construire, en respectant le poids de chacun puisqu’il n’y a plus de parti hégémonique, comme c’était le cas en 2008 avec le PS. Il faudra, pour terminer, définir les contours d’une gouvernance partagée : le ou la maire de Toulouse ne sera pas forcément le ou la présidente de la métropole. On est tous d’accord sur le papier mais, en réalité, rien n’est facile… Seulement, aujourd’hui, nous n’avons plus le choix ! Maintenant, il faut que chacun fasse des efforts ! Tout doit être ouvert et discuté, sans préalable.
« Lorsqu’une décision devra être prise, nous reviendrons vers nos militants »
Préalable qu’avait posé La France Insoumise quant à leur tête de liste (François Piquemal)… D’où l’impossibilité pour Génération.s, et les autres formations de gauche de partir aux côtés de LFI. Il y aura donc au moins deux listes. Et peut-être trois, Archipel Citoyen et les Écologistes ayant annoncé que si l’alliance faisait défaut, ils étaient prêts à déposer leur liste… Que fera alors Génération.s ?
Je ne vois pas pourquoi l’alliance ferait défaut ! Mais, si c’était le cas, Generation.s organiserait un vote pour demander aux adhérents quelle position adopter. Nous avons déjà, suivant ce processus, mandat pour travailler à une liste de gauche et écologiste. Et, lorsqu’une décision devra être prise, nous reviendrons vers nos militants. À ce stade, je ne peux donc pas préjuger des choix à venir. Dans tous les cas, à la fin octobre, il faudra savoir où l’on va, que l’union soit claire et définitive, pour qu’il nous reste encore novembre et décembre pour monter une liste, et pouvoir débuter la campagne en janvier. C’est comme ça que nous serons crédibles !
Aujourd’hui, je ne vois aucune raison de ne pas arriver à nous entendre : nous devons casser les codes d’hier, trouver une représentation dans la liste qui convienne à tous, et mettre les ego de côté. Nous aurons toujours des différences, mais, selon moi, elles ne sont pas insurmontables. Quand je repense au mandat 2008-2014 (sous le mandat de Pierre Cohen, NDLR), nous avions réussi l’union, et il y avait de grandes différences entre nous. Nous avons trouvé un chemin commun et avons fait avancer des projets. C’est possible !
Vous croyez à cette union de la gauche, vous vous êtes d’ailleurs portée candidate pour la représenter. Trois autres candidats en ont fait de même (Maxime Le Texier, Régis Godec et François Briançon), mais vous avez été la première à annoncer votre décision, en février dernier. Pourquoi si tôt ?
Pourquoi attendre ? On commençait tous à parler de 2026. C’est le moment où j’ai commencé à construire réellement ma candidature, où j’ai monté mon association, où j’ai lancé ma lettre… J’ai estimé que, face à un adversaire comme Jean-Luc Moudenc qu’il ne faut surtout pas sous-estimer, il ne faut pas s’y prendre au dernier moment. Et je savais que trouver un chemin commun, prendrait du temps aux forces de gauche. Ma candidature aura eu le mérite de déclencher les discussions sérieuses, les réflexions constructives. De mon côté, je n’ai cessé de travailler, depuis 2024 : je me suis préparée car il s’agit là d’une lourde charge. Il faut être à la hauteur de la situation.
« Ce que j’aime, c’est jouer collectif ! »
En quoi feriez-vous une meilleure tête de liste que les autres ? Pourquoi Génération.s serait la formation la plus appropriée pour mener l’union de la gauche ?
Je ne suis pas meilleure que les autres, mais j’ai des points forts, et je les connais. Génération.s a dans son ADN à la fois la justice sociale et l’écologie. Je peux donc faire le trait d’union entre les deux, et ainsi rassembler toutes les gauches. J’ai également une expérience, dans l’exécutif comme dans la minorité municipale. Pendant six ans, j’ai été adjointe au maire (Pierre Cohen, NDLR), avant de passer 12 ans dans l’opposition. Cette dernière période m’a permis de ne pas me déconnecter des dossiers, des projets… ni du terrain. Parce que j’aime ça ! J’aime aller à la rencontre des Toulousains, sur les marchés, dans les associations… Au-delà de cette expérience, je pense que mon tempérament pourrait contribuer à faire durer l’union de la gauche. Ce que j’aime, c’est jouer collectif ! J’aime fédérer et je suis capable de faire face à des conflits. Enfin, mon profil professionnel de communicante et de manageuse de projets et d’équipes seront très utiles.
Vous êtes la seule femme en lice…
Tout à fait ! Et j’ai pour habitude de dire que je n’y peux rien ! Toutefois, je pense qu’une candidature féminine est un atout car nous avons un regard différent, une culture différente. Et certains Toulousains souhaitent peut-être voir enfin une femme au Capitole… Je ressens cette envie, je ressens une réelle envie de changement… Et pour finir, je parlerai de mon âge : je ne suis ni trop jeune ni trop vieille, j’ai de l’expérience et encore beaucoup de chose à faire. Pour avoir construit, puis testé ma candidature, d’abord dans mon environnement, puis au-delà, elle est accueillie plutôt positivement.
« Adjointe au commerce et à l’artisanat. Pour moi, ce mandat a été une révélation ! »
Votre élection serait une forme de reconnaissance pour votre parcours politique, mais quel est-il ?
Je suis issue de la société civile et j’ai commencé la politique un peu par hasard finalement. En 2007, Pierre Cohen, que je ne connaissais pas à l’époque, est venu me chercher dans la cadre d’un quota de citoyen qu’il s’était engagé à faire apparaître sur sa liste. J’étais encore présidente du Club de la com’ à l’époque. Je me suis laissée convaincre. D’autant que j’étais 42e sur la liste, donc, a priori, avec aucune chance d’intégrer l’équipe exécutante. Je suis rentrée en campagne en janvier, et nous avons gagné en mars. C’est alors que Pierre Cohen ma proposé, question de répartition sur la liste sans doute, de devenir adjointe au commerce et à l’artisanat. Pour moi, ce mandat a été une révélation. J’ai eu la chance de commencer mon engagement politique par un mandat exécutif qui m’a formée, qui m’a passionnée, qui a forgé mon sens de l’intérêt général et des responsabilités.
Je suis rentrée au Parti socialiste en 2011, essentiellement parce que j’avais besoin d’être formée aux rouages politiques. Et j’en suis partie en 2018, pour suivre Benoît Hamon dans son parti Generation.s, dans lequel je suis toujours. Entretemps, nous avons perdu la mairie. Et depuis 12 ans, je suis dans l’opposition. Je souhaite désormais une alternative au mandat de Jean-Luc Moudenc, qui n’est pas à la hauteur des enjeux actuels. Il n’a pas de vision, il est opportuniste !
Vous espérez cette alternative en appelant de vos vœux une union de la gauche, pourtant cette dernière, qui s’était dessinée en 2020 au second tour, a ensuite explosé. Le groupe d’opposition municipale a eu tôt fait de se scinder en deux groupes distincts, sans compter ceux qui ont préféré siéger en indépendant. Comment ceux qui ne se sont pas entendus il y a cinq ans, pourrait s’unir aujourd’hui?
J’ai vécu les Municipales de 2008, avec l’union de la gauche et des Écologistes. Celles de 2014, où les Verts ont choisi de présenter une liste autonome. Et celles de 2020, où il y avait trois listes à gauche. Apparaissait alors le phénomène Archipel dans lequel nous n’avons pas voulu entrer, pour toutes les fragilités que l’on a découvertes ensuite et leur méthode que nous ne comprenions pas. L’attelage s’est ensuite fait à marche forcée, au second tour. Et l’après élection a été délicat à manœuvrer, plus pour des raisons humaines que politiques. D’ailleurs, si vous regardez bien, nous ne sommes plus dans un seul et même groupe d’opposition, mais nous votons de la même manière 98% des délibérations.
Aujourd’hui, la situation est différente. Nous savons que, sur le fond, il n’y a aucune divergence insurmontable. Nous nous mettons d’accord sur une méthode, puis nous monterons une liste. Ainsi, si des désaccords majeurs surviennent, nous le verrons rapidement, avant de nous lancer officiellement ensemble. Le danger étant effectivement l’après-élection : comment travaille-t-on ensemble pendant six ans, quand personne n’a de majorité ? Et bien, je pense, que ma candidature fait sens pour cela : j’ai la capacité d’animer un collectif dans le respect de chacun, où chacun a des responsabilités individuelles tout en devant tenir la promesse aux électeurs d’être unis. Il faut que la manière dont nous allons nous organiser, gouverner ensemble une fois élus, soit claire d’entrée de jeu. Cela doit même être une promesse de campagne ! On peut même mettre en place un observatoire de l’engagement pour s’en assurer.
« La tête de liste qui nous représentera devra s’engager à respecter ce qui a été décider par tous »
L’union de gauche se ferait aujourd’hui avec Archipel Citoyen, formation dont vous avouiez ne pas comprendre les méthodes en 2020…
Contrairement à 2020, Archipel est devenu un parti. Et ce n’est pas Archipel qui pilote la liste, comme c’était le cas aux dernières élections. Ils sont un partenaire, comme les autres, pas plus, pas moins. Et chacun amène ses spécificités, qu’elles soient programmatiques ou méthodologiques. Nous en discutons, nous nous mettons d’accord, et la tête de liste qui nous représentera devra s’engager à respecter ce qui a été décidé par tous. Il faudra composer… Et ce, avant de démarrer !
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