Chef de file du Parti socialiste, François Briançon est candidat à la candidature de l’union des gauches en vue des Municipales 2026 à Toulouse. Il revient, pour le Journal Toulousain, sur les discussions, encore en cours, entre les différentes formations du potentiel rassemblement, et les atouts du PS pour le mener à la victoire en mars prochain.
François Briançon, les forces de gauche mènent de vives discussions pour constituer une liste commune aux prochaines Municipales à Toulouse. Le Parti socialiste fait naturellement partie de ces pourparlers. Où en sont-ils ?
On travaille à la fois sur le projet, et sur la meilleure façon de constituer une liste. On se voit toutes les semaines, les discussions sont en cours, ça passe bien. On prend le temps de travailler sérieusement, et le moment venu, on prendra, chacun dans notre organisation politique, les décisions, et on en informera les Toulousains et les Toulousaines. Je ne peux rien dire de plus !
« La campagne commencera réellement en janvier, et nous serons prêts à ce moment-là ! »
Archipel et les Écologistes ont d’ores et déjà fait voter en interne, et donc acté, leur alliance désormais officielle. Qu’en est-il du PS ? Quelque chose fait-il encore obstacle ?
Nous sommes huit organisations à participer à ces discussions. Si, effectivement Archipel et les Écologistes ont officialisé leur union, les six autres, que sont le Parti communiste, les radicaux de gauche, Génération.s, Place publique, le Parti socialiste et le Mouvement républicain et citoyen, se sont aussi regroupés dans un texte, que nous avons produit au mois de juillet, pour dire que nous faisions route ensemble, mais avec la volonté de discuter. Et nous discutons tous ensemble. Nous travaillons sur le fond des dossiers, sur le projet. Car, même si nous sommes d’accord sur l’objectif, nous n’avons pas tous la même façon d’y parvenir et n’en tirons pas forcément les mêmes conclusions. C’est le cas pour la LGV ou pour la sécurité par exemple.
Simplement, c’est à l’issue de ces discussions que nous pourrons affirmer officiellement que nous partirons ensemble. D’autant qu’en ces temps d’incertitude à l’échelle nationale, il ne faut pas se précipiter. S’il faut, dans quelques jours, c’est d’élections législatives que nous parlerons… Les Municipales sont en mars, la campagne commencera réellement en janvier, et nous serons prêts à ce moment-là !
Mais, au vu de nos échanges et de ma volonté personnelle, je pense que nous aboutirons !
La mise en commun des idées n’est donc pas facile. Qu’est-ce qui pose problème ?
On parle de tout. On parle de culture, on parle de sport, on parle d’éducation, on parle d’aménagement, on parle de transport, de sécurité. Le travail est immense ! Cela prend du temps ! Mais on évacue très vite les sujets sur lesquels on est d’accord.
L’avantage est que l’on se connaît tous très bien. Nous faisons de la politique ensemble à Toulouse depuis un certain nombre d’années. Certains d’entre nous ont siégé ensemble, dans la majorité autour de Pierre Cohen, puis dans l’opposition, quand d’autres ont travaillé sur des mobilisations politiques. Donc, on se connaît par cœur et on va tout de suite sur les sujets qui peuvent nous différencier. Ceci dit, aucun obstacle ne semble se dresser entre nous.
« J’ai le soutien de Sébastien Vincini et Carole Delga »
Parallèlement au fond programmatique, vous travaillez à l’élaboration de la liste… Quelle sera la place du PS ?
Nous sommes au début de ce travail. Toujours est-il que je ferai valoir mon expérience d’élu (dans la majorité comme dans l’opposition) accumulée maintenant depuis une vingtaine d’années dans cette ville, ma connaissance parfaite de tous les dossiers, et puis le fait que, effectivement, je suis le chef de file d’une formation politique qui gère déjà des collectivités, qui a l’expérience, qui a dirigé cette ville pendant longtemps, qui dispose d’une force militante très importante, la plus importante aujourd’hui sur Toulouse.
Et puis, j’ai le soutien, dans cette bataille, de Sébastien Vincini (président du Conseil départemental de Haute-Garonne), de Carole Delga (présidente de la Région Occitanie), des maires socialistes de la Métropole, à commencer par Karine Traval-Michelet (maire de Colomiers).
Mon objectif politique est clair : mener cette liste et être le maire de Toulouse. Mais, nous sommes huit formations à discuter. Donc, je discute et j’essaie de faire prévaloir mes arguments auprès des autres.
Ainsi, dans le cadre d’une gouvernance différenciée de la Mairie et de la Métropole, c’est clairement la première que vous visez ?
J’ai été le premier à dire que je ne faisais pas un préalable du fait que le maire de Toulouse devait être aussi le président de la Métropole, puisque j’avais même avancé l’idée que, dans un accord politique initial, la présidence de la Métropole puisse être confiée à un Écologiste, pour la bonne et simple raison que c’est dans cette dernière instance que s’inscrit la bifurcation écologique et qu’aujourd’hui, elle est devenue indispensable.
Pour autant, moi, effectivement, je me destine au combat contre Jean-Luc Moudenc. Parce que j’estime, peut-être que j’ai tort et que tout le monde ne partage pas cette analyse, que je suis celui qui réunit le plus d’atouts pour le battre, et que la bataille avant d’être métropolitaine, se passe à Toulouse. Et si j’en crois, d’ailleurs, le nombre d’attaques que je subis de la part de la majorité municipale, c’est que je ne suis pas le seul à le penser…
Vous pensez être LE candidat qui fait peur à Jean-Luc Moudenc ?
Oui, je pense. Lui et son équipe municipale agitent la France insoumise de façon tactique, pour faire peur aux Toulousains, en disant : ” A part moi, il n’y a que des gauchistes irresponsables qui veulent mettre le feu au Capitole”. Tout cela est excessif. Mais ils jouent là-dessus, et la France insoumise leur apporte du grain en moudre…
Personnellement, je subis de la part des adjoints de Jean-Luc Moudenc ou de lui-même, des attaques constantes, que ce soit en conseil municipal ou sur les réseaux sociaux. Ils considèrent que je suis un adversaire sérieux. Ils le prouvent tous les jours. Ce qui fait peur au maire actuel, c’est que je dénonce ce qu’il essaie de cacher : Nous allons passer les 500 000 habitants. Nous sommes la troisième ville de France. Et quand une ville grossit, elle a besoin de plus de services, plus d’équipements et des politiques publiques adaptées… Or, on s’aperçoit aujourd’hui que ces dernières sont loin derrière la réalité démographique. Je ne dis pas que rien n’est fait, mais c’est toujours au minimum.
« Il faut un maire capable de faire travailler une équipe, mais il faut une équipe qui ait toute sa place »
Un rassemblement de gauche avait été constitué lors du second tour des Municipales 2020, pour imploser moins d’un an plus tard, via la scission des groupes politiques au Conseil. Comment parviendrez-vous à garder unies des formations qui n’ont pas pu le rester il y a cinq ans ?
Si l’on a un projet clairement identifié, si l’on a un chef de file qui joue son rôle d’animateur, si l’on se respecte les uns les autres, si l’on partage vraiment les responsabilités, si l’on trouve un mode de gouvernance qui nous permet vraiment d’avancer collectivement, je pense que cela ne posera pas de problème. Il existe des tas de précédents : un des gouvernements qui a le mieux fonctionné en France, c’était celui de la gauche plurielle, dans lequel, autour de Lionel Jospin, se sont réunis des communistes, des radicaux, des écologistes, des socialistes, et des personnes de la société civile. Une gouvernance à plusieurs nuances peut fonctionner !
C’est d’ailleurs ce qui se passe aujourd’hui à la Mairie de Toulouse : avec Jean-Luc Moudenc se trouvent des Républicains, des gens de la droite de la droite, des centristes, des macronistes de droite, des macronistes dits de gauche…
Il faut un maire qui soit en capacité de faire travailler une équipe, mais il faut une équipe qui ait toute sa place. Et je pense qu’on peut tout à fait trouver cet équilibre.
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