La Mairie de Colomiers a refusé une demande d’autorisation d’occuper l’espace public du groupe LFI en évoquant des raisons de sécurité. Ce dernier, qui souhaitait organiser sa première manifestation publique dans le cadre du lancement de la campagne des Municipales 2026, a alors saisi le tribunal administratif.
Il dénonce des « pratiques illégales et anti-républicaines ». Peu après avoir désigné un binôme pour représenter ses couleurs aux Municipales 2026, le groupe La France Insoumise (LFI) de Colomiers organisait sa première manifestation publique dans le cadre du lancement de la campagne électorale ce samedi 21 juin. Sauf que « l’organisation de cet événement a été compromise jusqu’au dernier moment », rapportent les chefs de file locaux Marion Dupouy et François Lépineux dans un communiqué, avant d’affirmer que la Mairie « a tenté d’en interdire le déroulement ».
Pour comprendre ces accusations, il faut remonter au 27 mai. Ce jour-là, le groupe LFI formule à la Mairie une demande d’autorisation d’occuper l’espace public dans le quartier En-Jacca « pour un événement politique et festif » en présence des députés Hadrien Clouet et François Piquemal. Deux semaines plus tard, il reçoit un « courrier de refus du directeur général des services ».
La Mairie justifie alors sa décision par des raisons de sécurité. « Conformément à la procédure relative à l’occupation du domaine public et comme elle l’applique à l’ensemble des associations et collectifs en faisant la demande, la Ville de Colomiers a alors étudié le dossier au regard notamment des conditions de sécurité », indique-t-elle. Conditions qui n’étaient pas remplies, selon la Municipalité. « De nombreux événements étant prévus sur le territoire ce jour-là, à l’occasion notamment de la fête de la musique et du feu de la Saint-Jean. La Ville de Colomiers a fait le constat qu’elle ne serait pas en mesure de garantir la sécurité de l’événement, de ses organisateurs et de ses participants, les services de la Ville et particulièrement sa police municipale étant déjà mobilisés sur les différentes manifestations festives du week-end. Une présence d’autant plus nécessaire au regard des fortes chaleurs qui étaient alors annoncées », souligne-t-elle.
Mais François Lépineux décide de ne pas en rester là et envoie un courriel « pour compléter les informations relatives à la sécurité en confirmant la présence d’un service d’ordre ». Le 18 juin, rebelote. La Mairie adresse un nouveau courrier de refus au groupe LFI dans lequel elle évoque un « risque avéré de trouble à l’ordre public », comme le révèlent les chefs de file. « Les demandeurs n’ont pas été en capacité de préciser les mesures de sécurité prises de leur côté, évoquant un service d’ordre mais sans détailler le nombre de personnes mobilisées, les moyens mis en œuvre et le plan de sécurisation envisagé », estime la Ville qui ajoute que « l’espace demandé concernait une zone végétalisée n’ayant pas vocation à accueillir de telles manifestations ».
La Mairie précise avoir alors « proposé aux organisateurs la mise à disposition d’une salle prévue à cet effet ». « Cette proposition a été refusée par les organisateurs qui ont alors fait la demande d’une salle non prévue pour l’accueil de manifestations politiques, la maison citoyenne En-Jacca en l’occurrence », ajoute-t-elle. Marion Dupouy et François Lépineux, de leur côté, déclarent avoir « relancé et tenté de trouver un compromis » avec la Municipalité dès le lendemain. « Réponse de nouveau négative du premier adjoint contacté par SMS », indiquent les chefs de file. Ils déposent alors un référé liberté le vendredi 20 juin au tribunal administratif pour contester la décision « en le justifiant par la démonstration caractérisée d’une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de réunion ». Et la justice a donné raison au groupe LFI.
En effet, dans son ordonnance du 21 juin, le tribunal suspend l’exécution des décisions des 11 et 18 juin « par lesquelles le directeur général des services de la commune de Colomiers a refusé d’accorder une autorisation d’occupation temporaire du domaine public ». Il enjoint, par ailleurs, « la maire de Colomiers de prendre toutes dispositions utiles dans les plus brefs délais à compter de la notification de la présente ordonnance afin de permettre à M. Lépineux de pouvoir tenir son rassemblement dans un espace public extérieur ou une salle municipale du quartier d’En-Jacca ou dans tout autre dépendance du domaine public ou équipement public communal d’un quartier voisin le samedi 21 juin 2025 à compter de 15 heures ». Décision qui satisfait le groupe LFI et que la Ville de Colomiers « ne commentera pas ». Elle tient toutefois à souligner « qu’elle l’a respectée dès sa prononciation par le juge ».
Mais cette affaire reste en travers de la gorge des Insoumis qui « dénoncent avec la plus grande vigueur ces pratiques d’un autre âge, qu’ils qualifient de féodales en muselant toute alternative politique ». « Nous appelons toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans notre démarche d’union de forces progressistes à travailler avec nous pour faire de Colomiers une ville où les pratiques démocratiques sont la règle et non l’exception », déclarent-ils. Ce que la Ville réfute évidemment. Cette dernière « tient à rappeler qu’elle est particulièrement attentive au respect du débat démocratique sur le territoire, ce pourquoi elle met régulièrement à disposition des organisations politiques en faisant la demande, et cela gratuitement, plusieurs salles municipales dont elle a la responsabilité », conclut-elle.
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