Les élus du Département de la Haute-Garonne s’apprêtent à voter la “Feuille de route bifurcation écologique pour la Haute-Garonne 2025-2030”. Voici ce qui est prévu pour éviter de heurter de plein fouet « le mur du changement climatique ».
« Elle est unique à cette échelle en France », annonce Sébastien Vincini, président du Département de Haute-Garonne. Les élus de la collectivité vont voter la “Feuille de route bifurcation écologique pour la Haute-Garonne 2025-2030” lors de la prochaine session de l’Assemblée départementale ces mardi 24 et mercredi 25 juin. Il s’agit là d’un changement de trajectoire « majeur et transversal » et non de « greenwashing », affirme l’élu qui s’était défini comme éco-socialiste lorsqu’il avait été élu à la présidence du Département en décembre 2022. L’objectif : éviter de heurter de plein fouet « le mur du changement climatique ». En l’état, c’est un avenir peu reluisant qui attend le département au regard du “diagnostic des vulnérabilités de la Haute-Garonne vis-à-vis du changement climatique à l’horizon 2050”.
« La Haute-Garonne est considérée comme le “hotspot” du Sud-Ouest. Nous allons d’ailleurs basculer vers un climat méditerranéen. Ainsi, en 2050, les températures seront en hausse de 2,5°C sur le département. Nous allons connaître entre une dizaine et une vingtaine de jours de plus de canicule, c’est-à-dire que nous allons dépasser le mois caniculaire. Nous aurons également deux mois d’enneigement en moins et le débit de la Garonne va baisser de 60% en été et entre 15 et 20% toute l’année », liste Sébastien Vincini. Et ce n’est pas tout. « Entre 40 et 70% des logements seront exposés à des chaleurs insupportables à l’intérieur l’été et 54% des bâtiments feront face à un risque de retrait-gonflement de l’argile qui abîme les structures et conduisent parfois à l’effondrement », annonce l’élu. En conséquence de quoi, il est nécessaire « de prendre des décisions », estime-t-il.
Dans le détail, cette “Feuille de route bifurcation écologique pour la Haute-Garonne 2025-2030” se compose de « 62 projets qui répondent à cinq ambitions » : « réduire les impacts sur l’environnement et atténuer les effets du changement climatique », « renforcer la résilience du territoire » face aux situations de crise « qui vont s’accentuer d’ici 2050 », « garantir la justice sociale et climatique » car, pour le Département, « la lutte contre les inégalités est indissociable du combat pour la protection de l’environnement », « répondre aux enjeux démocratiques d’acceptabilité et de mobilisation » afin de « créer l’adhésion de la population à la nécessaire bifurcation écologique », et, enfin, « agir en collectivité exemplaire ».
Pour accompagner cette bifurcation écologique, le Département a décidé de se placer « sous l’égide des scientifiques ». « Les décisions du décideur public ne peuvent être prises à l’encontre de leur avis. Sinon, cela revient à condamner à terme les démocraties », considère Sébastien Vincini. C’est pourquoi la collectivité a décidé de lancer au second semestre 2025 un conseil scientifique départemental « permanent, pluridisciplinaire et indépendant » qui « éclairera ses décisions ».
Si Sébastien Vincini n’a pas voulu dérouler l’ensemble des actions qui seront mises en place, il s’est toutefois attardé sur quelques-unes. Parmi elles : l’expérimentation des techniques bas carbone pour l’entretien des enrobés sur les routes du Département. « En utilisant des liants biosourcés et en réutilisation les granulats, nous baissons les émissions de gaz à effet de serre de 50% et réalisons 40% d’économie d’énergie », précise l’élu. Une innovation qui a fait ses preuves et a donc été généralisée à la fin de l’année 2024. La collectivité a par ailleurs lancée une stratégie d’adaptation au changement climatique de ses routes qui passe par une surveillance du réseau et un traitement pour limiter les effets du retrait-gonflement des argiles.
Côté bâti, le président du Département cite notamment la construction du collège de Paléficat qui est le premier établissement conçu en structure bois, avec une isolation en bottes de pailles et des murs en terre crue. « Ces nouvelles routes et constructions représentent un coût supérieur de 6 à 11%. Ce qui reste modeste, à l’échelle des projets d’investissement du Département », considère Sébastien Vincini avant d’ajouter que « le coût de l’inaction sera bien plus important que le coût de l’investissement ».
La collectivité compte par ailleurs « monter en puissance » dans l’accompagnement des personnes en situation de précarité énergétique. « Près de 10% de nos concitoyens sont concernés », informe l’élu. Il poursuit : « Nous voulons accompagner les publics qui ne savent pas qu’ils peuvent bénéficier d’aides pour la rénovation de leur logement. Nous allons donc aller frapper à leur porte, faire un diagnostic de leur habitat et leur proposer un programme de travaux qui sera pris en charge dans sa globalité », déclare Sébastien Vincini.
L’élu a aussi évoqué la poursuite du classement des sites Espaces naturels sensibles (ENS) et Zones humides pour « reconquérir la biodiversité ». « Plus de 11 300 hectares sont classés ENS en Haute-Garonne et 500 hectares sont inscrits au Conservatoire départemental des zones humides », note le président du Département. De nombreuses autres actions sont au programme de cette feuille de route, dont l’aménagement de réseaux cyclables, l’accompagnement des collectivités ou encore la transition énergétique du bâti. « Il y a beaucoup de choses à faire », conclut Sébastien Vincini qui refuse de « sombrer dans le catastrophisme ».
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