Avec un taux de chômage de 8,7% à la fin de l’année 2024, l’Occitanie se hisse au même niveau que les Hauts-de-France parmi les régions les plus touchées de l’Hexagone. Ce constat, dressé par l’Insee, s’inscrit dans un contexte économique national instable, marqué par le ralentissement de l’activité, la fragilité de l’emploi et un essoufflement dans des secteurs-clés comme la construction.
L’Occitanie se classe, avec les Hauts-de-France, en tête des régions de France où le taux de chômage est le plus élevé. Selon les derniers chiffres publiés par l’Insee, le territoire affiche une conjoncture économique peu dynamique en 2024, marquée par un net ralentissement de l’activité dans des secteurs-clés comme la construction ou les services marchands, comme cela était déjà le cas en 2023. Particulièrement observées, les Pyrénées-Orientales concentrent les difficultés, avec un taux de chômage culminant à 12,1%.
En effet, en 2024, l’Occitanie a vu son activité économique s’essouffler, en particulier au second semestre. François Hild, chef de projet à l’Insee Occitanie, indique que « la croissance de l’activité dans la région est portée par une minorité de départements ». Seuls le Lot et les Hautes-Pyrénées affichent une progression notable du volume de travail rémunéré, respectivement de +1% et +0,9%, soutenus par l’industrie aéronautique.
En revanche, « l’activité ralentit nettement en Haute-Garonne », observe-t-il, avec seulement +0,2% fin 2024, notamment du fait d’un coup de frein dans les activités informatiques de la filière aéronautique. Le tableau est encore plus préoccupant dans les secteurs de la construction et du commerce, en recul pour la deuxième année consécutive.
Ce ralentissement pèse directement sur l’emploi. Entre fin 2023 et fin 2024, l’Occitanie n’a enregistré qu’une modeste progression de +0,2% de l’emploi salarié, soit 3 500 postes créés contre plus de 17 000 l’année précédente. L’industrie reste l’un des rares moteurs d’embauche (+1,6%), tout comme les services non marchands (+0,7%). Mais ces hausses ne suffisent pas à compenser la forte baisse dans l’intérim (–7,4%) et la construction (–2,5%).
Résultat : une hausse de 2,2% du nombre d’inscrits à France Travail en catégories A, B et C sur un an, avec une augmentation marquée chez les jeunes. « L’emploi intérimaire baisse pour la deuxième année consécutive », confirme François Hild. Et l’emploi en CDD suit la même tendance, affectant directement les moins de 25 ans.
Malgré la montée du nombre de demandeurs d’emploi, le taux de chômage a légèrement reculé de 0,2 point en 2024, pour s’établir à 8,7% en fin d’année. Cette baisse s’expliquerait en partie par un découragement de la recherche active, selon les critères du Bureau international du travail.
Mais cette moyenne cache de fortes disparités territoriales. C’est dans les Pyrénées-Orientales que la situation est la plus préoccupante.
Avec 12,1% de chômage au quatrième trimestre 2024, les Pyrénées-Orientales affichent le taux le plus élevé de France métropolitaine. La situation s’explique par un mélange de facteurs structurels. Katia Le Goaziou, cheffe du service Études et Diffusion à l’Insee Occitanie, associe cette situation à la forte saisonnalité de l’emploi liée au littoral et à la montagne, mais aussi à des réalités sociales très lourdes.
« Ce département fait face à une grosse particularité avec la zone de Perpignan, qui compte énormément de quartiers prioritaires de la ville, avec des poches de précarité très importantes, parmi les plus élevées en France », précise-t-elle avant d’ajouter : « Le niveau de qualification de la population et le dynamisme économique ne suffisent pas à faire diminuer un taux de chômage structurellement haut ».
L’Insee dresse donc un constat clair : la reprise économique est entravée par un ralentissement de l’activité généralisé. Les perspectives pour 2025 restent peu ambitieuses, dans un contexte national incertain. « Nous prévoyons une croissance du PIB français de seulement +0,6% », indique Katia Le Goaziou. L’investissement reste faible, les exportations reculent et la consommation des ménages progresse à peine, avec un taux d’épargne historiquement élevé (18,8% du revenu disponible en 2024).
En Occitanie, l’activité continue de se contracter en ce début d’année 2025 (–0,3% au 1er trimestre), avec une baisse nette de l’emploi dans la construction et les services marchands. « Le secteur de la construction est particulièrement en difficulté », insiste François Hild. En 2024, seulement 31 300 logements ont été mis en chantier dans la région, en baisse de 5% par rapport à 2023, malgré un léger rebond sur le dernier trimestre.
Pour la suite, l’évolution à court terme dépendra en grande partie de facteurs extérieurs. « L’incertitude autour des prix de l’énergie et des politiques commerciales internationales joue un rôle essentiel dans les prévisions », rappelle Katia Le Goaziou.
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