Sous les terres d’Ariège, un trésor naturel s’apprête à être protégé. Le projet de Réserve Naturelle Souterraine, actuellement soumis à enquête publique, vise à préserver 1 139 hectares de grottes et de milieux karstiques uniques, essentiels à la biodiversité et à la recherche scientifique.
Le département de l’Ariège s’apprête à franchir une étape décisive dans la protection de ses richesses naturelles. Le projet de Réserve Naturelle Nationale Souterraine (RNNS) est entré dans une phase d’enquête publique, ouvrant la voie à une participation citoyenne essentielle avant la validation officielle par l’État.
Sous les montagnes ariégeoises s’étend un patrimoine souterrain d’une valeur exceptionnelle. On y trouve des écosystèmes rares, des formations géologiques spectaculaires et des trésors archéologiques qui racontent l’histoire du territoire sur des milliers d’années.
Selon la préfecture de l’Ariège, ces espaces abritent une faune « rare et remarquable » ainsi que des conditions idéales pour la recherche scientifique en archéologie et paléontologie.
Le projet de Réserve Naturelle Nationale Souterraine, mené conjointement par l’État et le Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises (PNR), propose le classement de 29 sites répartis sur 32 communes, soit 1 139 hectares à protéger. Cette initiative s’inscrit dans la Stratégie nationale des aires protégées 2020-2030, qui vise à renforcer la protection de 30% du territoire français, dont 10% sous un régime de protection renforcée.
Les Pyrénées ariégeoises figurent parmi les zones les plus étudiées au monde pour leur biodiversité souterraine. Depuis 1950, le laboratoire souterrain du CNRS à Moulis contribue à l’avancée des recherches en bio-spéléologie. Ces cavités hébergent une grande diversité d’habitats : grottes à chauves-souris, rivières souterraines, nappes phréatiques et milieux souterrains superficiels.
Mais la richesse de ce monde souterrain dépasse la seule biologie. Les réseaux karstiques renferment également des témoignages archéologiques et paléontologiques : fossiles, outils en silex, céramiques ou encore œuvres d’art rupestre du Néolithique. Certains avens ont servi de pièges naturels pour les animaux préhistoriques, tandis que des grottes ont servi d’abris aux premiers habitants de la région.
L’idée d’une réserve naturelle souterraine en Ariège n’est pas nouvelle. Déjà évoquée en 2002, elle a été relancée en 2018 dans le cadre du Plan national pour la biodiversité, puis confirmée par un courrier du Premier ministre en 2019.
Sous la direction de la sous-préfète de Saint-Girons, Catherine Lupion, un important travail de concertation locale a été mené avec la DREAL et le PNR. Le dossier d’avant-projet a obtenu un avis favorable du Conseil national de protection de la nature en mars 2022, marquant une étape clé vers la reconnaissance officielle du site.
Jusqu’au 24 octobre, l’enquête publique permet à tout citoyen de donner son avis sur le projet. Pour cela, une plateforme en ligne est accessible et des permanences sont assurées en mairies d’Auzat, La Bastide de Sérou, Lavelanet et Saint-Girons.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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