Le plan de financement de la LGV Bordeaux–Toulouse a été validé par la justice, mais l’État envisage de revoir sa participation. Les collectivités locales réclament le respect des engagements.
Le tribunal administratif de Toulouse a récemment validé le plan de financement de la future Ligne à Grande Vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse. Cette décision renforce juridiquement le montage financier porté par la Société du Grand Projet du Sud-Ouest (SGPSO), réunissant les Régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, les Départements de la Haute-Garonne et des Landes, ainsi que les Métropoles de Bordeaux et Toulouse.
Mais alors que le chantier a débuté depuis plus de 18 mois, les collectivités locales redoutent aujourd’hui un désengagement de l’État. En cause : les conclusions de la conférence “Ambition France Transports”, tenue entre mai et juillet, qui ont conduit le gouvernement à demander une réévaluation du coût et de l’impact écologique des grands projets d’infrastructures ferroviaires. L’exécutif n’exclut pas d’en abandonner certains, afin de concentrer les investissements sur l’entretien du réseau existant.
Dans un communiqué commun, publié ce jeudi 31 juillet, les membres du bureau de la SGPSO appellent solennellement l’État « à ne pas mettre en péril le chantier en cours de la ligne nouvelle Bordeaux-Toulouse-Dax ». Parmi les signataires figurent Alain Rousset (président de la Région Nouvelle-Aquitaine), Carole Delga (présidente de la Région Occitanie), Jean-Luc Moudenc (président de Toulouse Métropole), Sébastien Vincini (président du conseil départemental de la Haute-Garonne), Christine Bosc (présidente de Bordeaux Métropole) et Xavier Fortinon (président du conseil départemental des Landes), qui attendent que le gouvernement respecte sa promesse de financer 40% du projet, soit environ 140 millions d’euros par an.
« Le chantier ne peut être interrompu par une vision comptable et court-termiste », préviennent les collectivités membres de la SGPSO, mais aussi les élus soutient du projet. Elles rappellent que le projet repose sur un plan de financement solide : une répartition équitable entre l’État et les partenaires locaux, une fiscalité spécifique déjà votée et appliquée dans le Sud-Ouest, ainsi qu’un soutien confirmé de l’Union européenne à hauteur de 3 milliards d’euros.
La LGV Bordeaux-Toulouse est considérée par ses défenseurs comme un levier essentiel de la transition écologique et de l’aménagement du territoire. En doublant les lignes actuelles dans la vallée de la Garonne et sur la façade atlantique, elle permettrait de désaturer les axes existants, de renforcer l’offre de trains grandes lignes, Intercités et TER, et de développer les futurs RER métropolitains de Toulouse et Bordeaux.
Au-delà des temps de parcours réduits entre Toulouse, Agen, Montauban, Bordeaux et Dax, cette infrastructure représente une alternative crédible à la voiture individuelle et à l’avion, pour les trajets vers Paris comme vers l’Espagne. Elle devrait générer à terme 10 000 emplois et bénéficier à plusieurs millions d’usagers, comme le rappellent les membres de SGPSO.
Selon un sondage évoqué par ces derniers, 78% des Français soutiennent la réalisation de cette ligne, un chiffre qui grimpe à près de 90% dans le Sud-Ouest et 95% en Espagne. Pour les collectivités, abandonner un tel projet aujourd’hui serait une faute « stratégique, financière, politique et climatique ».
Commentaires