À Marmande dans le Lot-et-Garonne, l’association Addictions France accompagne des milliers de personnes confrontées à des troubles de l’usage. Une prise en charge pluridisciplinaire dans un contexte de hausse alarmante des cas. La lutte contre les addictions est de plus en plus importante. À 44 ans Marceau, suivi depuis 2019, témoigne du chemin difficile mais possible vers la reconstruction.
Installée depuis 11 ans à Marmande, l’antenne d’Addictions France multiplie les accompagnements. En 2024, plus de 1 250 personnes sont suivis contre 800 cinq ans plus tôt. Et au premier trimestre, l’association a vu ses demandes augmenter de 50%. « Nous constatons un triplement des prises en charge liées aux opiacés, passées de 38 à 112. Mais les consommations de cocaïne, l’alcool, les troubles alimentaires, les jeux vidéo et d’argent explosent aussi », alerte François Karkach, directeur territorial des établissements Addictions France en Lot-et-Garonne.
Les jeunes sont de plus en plus nombreux à consulter : 20% des patients ont moins de 30 ans. « Beaucoup arrivent trop tard, avec déjà beaucoup de souffrance en eux. Certains disent qu’ils auraient aimé connaître notre structure plus tôt », observe François Karkach.
L’accompagnement proposé est pluridisciplinaire : médecins, infirmières, psychologues, éducateurs spécialisés et psychiatres travaillent main dans la main. « L’addiction est une maladie chronique qui demande du temps, de la régularité et un vrai travail d’équipe », précise le directeur territorial. « En moyenne, un suivi dure entre deux et cinq ans », souligne-t-il.
Le premier contact est capital. « Dès l’accueil, nous rassurons. L’infirmière prend ensuite le relais pour établir un premier bilan approfondi. L’idée étant de ne jamais juger », décrit-il.
Marceau, 44 ans, a poussé la porte du centre en 2019. Une décision qu’il qualifie aujourd’hui de salvatrice. « J’ai grandi dans un environnement chaotique, dans la violence et l’alcool. J’ai commencé à fumer du cannabis à 16-17 ans, puis j’ai enchaîné avec les ecstasys, les free parties, la cocaïne, l’héroïne… Il est arrivé un moment où la prise de substances n’était plus festive du tout…», témoigne -t-il.
Les tentatives pour arrêter seul ont échoué. Mais il a un déclic lorsqu’il devient père : « Je voulais être là pour mon enfant et ne surtout pas reproduire ce que j’ai vécu. » 15 jours après avoir poussé la porte de l’association, il obtient son premier rendez-vous. « C’est dur de se dire qu’on est malade, mais ce premier pas m’a sauvé ! »
Aujourd’hui, il continue d’avancer. Il est toujours sous traitement de méthadone et d’anxiolytiques pour ses crises d’angoisse. Il ne consomme plus de drogues dures depuis deux ans et demi. « La dépression revient parfois, et je fume encore, mais je suis stable, et j’en suis fier ! » se réjouit-il.
Les professionnels de l’antenne d’Addictions France de Marmande alertent : la demande augmente sans cesse et la société va mal. « Sans compter que nous sommes en manque de médecins, nous enregistrons plus de sollicitations que nous n’avons de places disponibles », confirme François Karkach. « Il faut renforcer la prévention, faire connaître les structures d’aide. On soigne mieux quand on intervient tôt », conclut-il.
Marceau, lui, espère que son parcours pourra servir à d’autres. « Grâce à cette équipe, j’ai trouvé une forme d’équilibre, ils écoutent et ne jugent pas. »
Plus d’informations ici : https://www.drogues-info-service.fr/Adresses-utiles/100930
Lucie ALDEA
Commentaires