La fin du pavillon Mazar, la fermeture administrative de Mix’art Myris et, plus récemment, la polémique atour de la “réinvention” du Métronum font craindre à une partie des acteurs culturels, à Toulouse, une attaque contre les lieux dédiés aux cultures alternatives de la part de la majorité en place. Le Journal Toulousain a donc proposé à la conseillère municipale d’opposition Agathe Roby de s’exprimer sur la politique culturelle toulousaine. Tribune.
La période de campagne, et donc de séduction, étant révolue, depuis sa réélection, Jean Luc Moudenc a montré le peu de considération qu’il porte au secteur culturel et surtout à sa diversité. Les acteurs et actrices culturels et les structures destinées à les accueillir, déjà fragilisés par la crise sanitaire, sont les grands oubliés d’un homme se disant être « le maire qui protège ». Pire, plusieurs institutions historiques de notre ville sont actuellement bradées dans une optique de rentabilisation financière et de profit, alors que la culture, à l’heure de la pandémie où elle est mise à l’arrêt, a plus que jamais besoin de protection. Le maire a beau dire qu’il soutient le secteur culturel, les faits sont têtus. Les affiches qu’il arrache à la sauvette ne sont que le reflet de la réalité: le maire n’a que faire de la culture quand elle n’est pas rentable.
Le Metronum, l’une des rares salles de concert qui existe encore à Toulouse, fait l’objet de plusieurs modifications. Sournoisement, les tarifs de location augmentent : les prix de location pour les groupes restent les mêmes sauf qu’on en exclut des prestations obligatoires qu’ils devront donc payer… en plus. Lors du dernier conseil municipal, on nous a laissé entendre qu’il était possible que la salle puisse passer du statut de droit public (régie directe) à celui de droit privé (SPL). Si c’était le cas, il ne serait pas de bonne presse que les Toulousaines et les Toulousains apprennent qu’alors que les salles de concerts sont fermées depuis plus d’un an, que les musiciens et musiciennes et leur public peinent à voir le bout du tunnel, on s’achemine vers la privatisation de la seule salle de concert municipale de musiques actuelles de la 4e ville de France.
Si les faits s’arrêtaient là, on pourrait dire qu’il ne s’agit que d’une mesure noyée dans un océan de subventions et d’aides pour le secteur culturel, de créations d’espaces collectifs et de mise à disposition de locaux. Sauf que. Sauf que depuis la réélection de Jean Luc Moudenc, soit depuis moins d’un an, d’autres événements montrent que le secteur culturel, en tout cas celui qui regroupe ce que l’on peut schématiquement catégoriser dans les « cultures alternatives », n’est pas épargné par la municipalité. Mix’art Myrys, institution historique toulousaine reconnue nationalement, fait face à une fermeture administrative en plein confinement. On nous dit que le dossier date et que c’est un hasard de calendrier, mais en même temps, la métropole coupe les subventions annuelles du collectif (50% de son budget de fonctionnement), sans l’avertir, et en faisant passer en douce en conseil cette suppression. La mort du collectif était donc clairement délibérée. D’autant plus que l’on apprend qu’un gros projet immobilier est prévu… à l’emplacement de Mix’art près des Ponts Jumeaux.
Il y aurait bien d’autres exemples : on pourrait parler du pavillon Mazar, des artistes toulousains qu’on ne peut voir que hors de Toulouse, tellement la ville ne sait pas reconnaître et conserver ses propres talents (et ils sont tellement nombreux!), on pourrait parler des lieux populaires qui accueillent les artistes et qui ferment tragiquement les uns après les autres, mais aussi des bibliothèques laissées en jachère, sans moyens, et des festivals qui cessent. Il ne reste alors qu’à faire un triste constat : Toulouse est devenue une terre hostile à la culture. Le tableau est bien sombre et l’on peine à imaginer ce qui restera à la fin de ce mandat dont le ton a été donné dès son ouverture. Subsiste alors une question: que faire?
Montrer chacun et chacune à notre manière, que la culture, sous toutes ses formes, est essentielle. Que nous y sommes farouchement attachés et qu’elle ne peut pas être bradée. Parce qu’elle est le reflet à la fois de nos diversités et qu’elle nous réunit, qu’elle nous transporte et nous fait grandir, elle doit être protégée.
Agathe Roby
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