Sacrée championne du Monde de ski de bosses en simple le 8 mars dernier, la skieuse acrobatique ariégeoise Perrine Laffont a tout raflé dans sa discipline. Portrait d’une athlète au parcours exemplaire.
Née en 1998 à Lavelanet, en Ariège, Perrine Laffont a été initiée au ski dès sa plus tendre enfance. Son père, moniteur de ski, et sa mère, présidente du Boss club des Monts d’Olmes, l’ont, pour ainsi dire, plongée dans la marmite quand elle était bébé. « Je suis montée pour la première fois sur des skis à l’âge de deux ans, puis j’ai grandi avec », se souvient la jeune femme, qui affrontait la neige armée de sa tétine accrochée à la combinaison. Elle passait alors ses week-ends sur les pistes, avec sa famille. « J’ai toujours adoré les sensations de glisse, être en extérieur. J’ai essayé plein d’autres sports, comme le basket, le tennis, l’escalade, le vélo, la natation, mais je n’ai jamais voulu faire autre chose que du ski », poursuit-elle.
Perrine Laffont a intégré son premier club de ski de bosses à l’âge de 8 ans. « Dans cette discipline, j’aime le fait de skier, faire des sauts et défier les bosses » explique-t-elle. Elle n’a que 14 ans lorsqu’elle remporte le titre de Championne de France, qu’elle conservera durant six ans. En 2014, elle participe pour la première fois aux Jeux olympiques d’hiver qui se déroulent à Sotchi, en Russie. Alors la plus jeune représentante de la délégation française, elle termine 14e lors de la finale. « C’était mes premiers Jeux, tout s’est passé tellement vite que je n’ai pas réalisé ce qu’il se passait », plaisante la jeune femme. Un an après, elle décroche son premier titre de Championne du monde Junior, puis le conserve pendant deux ans. Quelques mois plus tard, durant la Coupe du monde de ski acrobatique 2015-2016, elle remporte la troisième place au classement général puis monte d’une marche l’année suivante.
En 2017 justement, elle devient championne du monde en parallèle. « Cette année-là, j’ai commencé à me rapprocher du top classement, c’était une saison magnifique » explique Perrine. En 2018, elle ressort médaillée d’or aux Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang, en Corée du Sud. « Tous les titres ont une saveur particulière, mais le titre olympique a été le plus dur à aller chercher. Pour un sportif, gagner les Jeux olympiques, c’est une consécration » affirme-t-elle. Une consécration qu’elle atteint officiellement le 8 mars dernier en obtenant le seul titre qui manquait encore à son palmarès : celui de Championne du monde de ski de bosses en simple. « C’était un mélange de plein de sentiments, dont la satisfaction, la joie et le bonheur » se souvient la jeune femme.
« Je suis une grande compétitrice, accro à l’adrénaline et passionnée par mon sport » avoue la jeune femme. Avant chaque compétition, pas de porte-bonheur, pas de grigri : Perrine se met dans sa bulle. Elle enfile ses skis quand il ne reste que cinq passages avant elle et écoute de la musique pour se motiver. « Quand nous savons qu’une erreur peut tout chambouler, nous pouvons croire que ce sport est ingrat. Mais réussir à exploiter les 30 secondes qui nous sont données en compétition, c’est très satisfaisant » affirme Perrine. Elle s’entraîne pour ça, elle le sait. « Ce sport demande énormément de capacités physiques, notamment beaucoup d’équilibre, que nous travaillons chaque jour » explique-t-elle, en soulignant l’importance de la préparation mentale, aussi.
Le haut niveau implique de nombreuses contraintes au quotidien : maintenir une bonne hygiène de vie, bien s’alimenter bien s’hydrater, bien dormir… « Quand j’étais plus jeune, je voyais les autres faire la fête, c’est un peu difficile. Mais c’est mon choix, je ne le regrette pas, parce qu’aujourd’hui, je vis de ma passion » explique la jeune femme. Une vie de petites astreintes qui peuvent provoquer de gros coups de fatigue. Comme celui qui est survenu après la saison éprouvante de 2019. « J’avais les bonnes personnes autour de moi, c’est ce qui m’a permis de ne pas abandonner. Quand la tête lâche, il faut savoir couper, prendre des moments pour soi » explique-t-elle.
Aujourd’hui membre de l’équipe de France de ski de bosses, elle s’entraîne principalement dans les montagnes alpines, mais la jeune femme l’avoue, elle reste très attachée au domaine pyrénéen. Cette saison, l’épidémie de Covid-19 a quelque peu bouleversé les habitudes d’entraînement. « Nous n’avons pas pu partir en Australie au mois d’août comme nous le faisions chaque année. Nous sommes allés en Autriche et en Suisse, mais le reste des entraînements se sont déroulés en France » confie la jeune sportive. Son nomadisme, Perrine Laffont le partage avec près de 80 000 personnes sur Instagram et 20 000 sur Twitter. Elle y poste son quotidien de championne, à travers, notamment, des photos aux décors enneigés. « Je ne vis pas pour la notoriété. Mais celle-ci permet de parler de mon sport, c’est ce qui est important pour moi », confie-t-elle.
Alix Drouillat
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