Rire, avec ou sans raison, serait bon pour notre moral ainsi que notre santé physique et mentale. C’est de ce constat qu’est né, il y a 20 ans, le yoga du rire. Depuis, les clubs et ateliers consacrés au ‘’rire sans raison’’ se multiplient. L’association Liens et sens, à Verfeil, nous a ouvert ses portes le temps d’une drôle de séance.
L’association Liens et sens organise des ateliers de yoga du rire, à Verfeil près de Toulouse. La proposition est surprenante et laisse songeur. Quel est le concept ? Méditer affublé d’un nez rouge ? Réciter quelques mantras humoristiques ? S’adonner à une gymnastique consistant à se plier en quatre avant d’enchaîner avec la posture de la baleine ? C’est précisément pour répondre à ses questions que Huguette Chouteau, l’animatrice qui dirige ces séances bimensuelles, présente, en préambule de son activité, un bref exposé sur la méthode et les origines du yoga du rire à l’attention des néophytes. Il faut, avant tout, « rassurer notre système épigastrique et mental », préconise-t-elle.
Devant deux nouveaux participants, l’animatrice évoque rapidement son parcours de sophrologue avant d’entrer dans le vif du sujet. « Le Yoga du rire est une pratique développée il y a une vingtaine d’années par le docteur Madan Kataria, un médecin généraliste indien. Celui-ci avait constaté que, parmi ses patients, ceux qui riaient récupéraient plus vite ou étaient moins souvent malades. Il a alors mis en place une méthode pour rire sans raison », introduit-elle avant de rappeler les règles essentielles. Le respect de soi comme de l’autre, ne pas se forcer, amener son enthousiasme et, surtout, mettre l’humour ente parenthèse le temps de l’atelier. Pour cela, Huguette Chouteau a préparé une série de courts exercices visant à reproduire mécaniquement les manifestations physiques d’une bonne tranche de rigolade, afin d’en récolter les bienfaits. En s’inspirant de situations imagées, les apprentis yogis devront « rire des voyelles » et reprendre un « refrain » en battant des mains et des pieds.
Quatre adeptes ont maintenant rejoint le groupe. Après un rapide échauffement et quelques jeux de présentation, place à la pratique. Le premier exercice s’intitule ”les odeurs printanières”. « Je suis bucolique dans l’âme », confesse l’animatrice qui a composé une séance de saison. Suivant son exemple, chacun cache son nez dans le creux de ses mains puis, comme saisi par un parfum risible, relève la tête en s’esclaffant. Après quelques arpèges de gaîté simulée, les participants échangent leurs exhalaisons hilarantes. L’exercice, comme tous ceux à venir, est ponctué par le refrain « Ho ! Ho ! Hahaha ! ». Une sorte d’incantation, censée bercer notre système épigastrique à grand renfort de soubresauts du diaphragme.
Les premiers rires sont encore timides, embarrassés. Trop cadencés pour être crédibles et véritablement communicatifs. Mais on embraye sur la deuxième activité. Fidèle à sa thématique, Hugette Chouteau propose ”le rire de l’arbre”. Les mains en l’air, tous les participants laissent aller leur bras, soumis aux aléas météorologiques de saisons imaginaires. De nouveau, chaque mouvement est accompagné d’une petite mesure de voyelles sonores. Été, automne, hiver, printemps… Après un cycle annuel, les sept rieurs se frappent dans les mains et reprennent en chœur le refrain. « Ho ! Ho ! Hahaha ! » Laura, pourtant rompue à l’exercice, peine à se concentrer. « Ça me fait rire, c’est nerveux », s’excuse-t-elle.
Suivant son plan, Huguette multiplie les propositions imagées : le ”rire de la machine à laver” où tous les participants, tel un grand tambour de lessiveuse, tournent en rond dos à dos tout en s’esclaffant comme des bossus. « Ho ! Ho ! Hahaha ! » Celui de la ”baguette magique’’ puis ”nous le faisons grandir”, l’exercice préféré du maître indien. Viennent ensuite le ”rire de soi” où chacun se désigne du pouce dans une autodérision bienveillante, le ”rire de la pâquerette” et, enfin, ”l’apéro du rire”. Tout le monde lève alors un verre imaginaire en riant à gorge déployée. « Ho ! Ho ! Hahaha ! »
Pour clore la séance, le petit groupe s’allonge pour une ”médiation du rire”. Dans le calme, chacun est invité à sentir poindre son rire intérieur. On glousse, on pouffe et, peu à peu, sous l’impulsion du rire franc de l’animatrice, tout le monde s’abandonne à de tordantes vocalises.
Avant de se séparer, chacun témoigne de son expérience. Un fourmillement de bien-être ou une vague apaisante, tous expriment une profonde satisfaction sur le plan physique comme mental. « Quand je viens, j’ai l’impression de vider mes bagages », assure Sandrine. « Tout s’est fait très naturellement malgré la timidité. C’est simple et ça donne envie de le refaire chez soi, en famille », ajoute Cathy qui découvrait la pratique. « De base, j’ai le rire facile. Mais il est trop absent de notre vie quotidienne, surtout dans le cadre professionnel. L’atelier m’offre un espace pour combler ce manque et sortir de ma zone de confort », précise Laura, la plus ancienne du groupe.
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