Diversification de la filière, défense de l’emploi, réduction du trafic aérien… Le collectif « Pensons l’aéronautique pour demain » présentait aujourd’hui à Toulouse la synthèse de ses travaux sur l’avenir de l’aéronautique.
Depuis plusieurs mois à Toulouse, des citoyens ont décidé de prendre à bras le corps la question de l’avenir de l’aéronautique. Leur collectif « Pensons l’aéronautique pour demain » (PAD) est constitué de nombreuses organisations syndicales, associatives, universitaires ou militantes. On y retrouve notamment la coordination CGT du secteur, le collectif de salariés Icare, l’association des Étudiants pour une aéronautique soutenable (EAS), les chercheurs de l’Atelier d’écologie politique de Toulouse (Atécopol), Attac Toulouse, le Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAT), l’Université populaire de Toulouse (UPT), l’association des Amis du Monde diplomatique ou encore la Fondation Copernic.
Ce jeudi 4 mars, ils étaient tous réunis pour présenter la synthèse des trois ateliers citoyens qui se sont tenus en novembre 2020 à la suite du forum social et environnemental de l’aéronautique organisé le 10 octobre dernier à Toulouse. « La force et l’originalité de ce travail provient de la diversité des membres qui composent le collectif. Nous avons, par exemple, des associations de riverains et des salariés de l’aéronautique qui ne partagent pas les mêmes points de vue, mais qui ont su aller au delà pour réfléchir ensemble à des propositions », se réjouit Pascal Gassiot, responsable de l’antenne toulousaine de la Fondation Copernic, cercle de réflexion de critique du libéralisme.
Comme point de départ de sa réflexion, le collectif estime que la crise traversée par l’aéronautique n’est pas conjoncturelle mais systémique. Et, qu’au delà du contexte de pandémie, elle s’inscrit donc plus largement dans le cadre d’une crise climatique et de la nécessaire transition énergétique. D’où la nécessité de réfléchir à l’avenir. Et d’autant plus à Toulouse, où les répercussions de cette situation peuvent s’avérer désastreuses sur l’emploi, comme l’avaient imaginé quatre organisations membres du collectifs au printemps dernier. « Nous tenons tout d’abord à désamorcer l’idée que ce collectif serait contre l’aviation, ce qui n’est pas du tout le cas. Nos propositions visent à une poursuite de l’activité dans une optique modérée », précise Maxime Léonard, représentant de la coordination CGT aéronautique.
Le premier axe de cette synthèse porte sur les différentes possibilités de diversification de la filière aéronautique. Les participants aux ateliers ont ainsi essayé d’identifier les besoins sociétaux ainsi que les façons d’y intégrer les compétences du secteur. « L’idée est de recenser ces savoirs-faire sous la forme d’un catalogue pour tenter d’imaginer comment les utiliser au service de la transition écologique », explique Maxime Léonard. Quatre grands thèmes ont ainsi été définis : l’agriculture, l’énergie, le transport et l’éducation.
Le deuxième atelier était, lui, consacré au problème de la mono-industrie qui pèse sur la métropole toulousaine et, plus largement, sur la région Occitanie, et à la stratégie pour défendre l’emploi. « L’un des problèmes que nous avons identifiés est qu’actuellement, ce sont les profits à court terme qui gouvernent les entreprises. Or, celles-ci pourraient très bien survivre sans bénéfices. Cette logique de dégager des marges à tout prix va contre l’intérêt général », déplore le représentant syndical.
La synthèse évoque ainsi plusieurs pistes pour un financement plus démocratique de l’économie : incitations à la création de SCOP et de SCIC, hausse des participations de l’état dans les entreprises, voire nationalisation… « Les salariés sont les grands oubliés des réflexions, il faut les remettre au cœur de celles-ci. Nous avons mené une enquête au sein de la filière qui démontre que les employés ont des idées en matière de diversification et qu’ils ont confiance dans leur capacité à s’adapter aux nouveaux enjeux », poursuit Maxime Léonard.
Enfin, le dernier axe des travaux du collectif concerne le transport aérien de demain. Les participants ont notamment planché sur la façon de repenser les usages, notamment en terme de tourisme et de voyage d’affaire. Ils ont également réfléchi aux leviers susceptibles d’être utilisés pour contrôler la hausse du trafic aérien ainsi qu’à une gouvernance plus démocratique de celui-ci.
Pour faire part de ces propositions à l’ensemble de la population, le collectif PAD prévoit l’organisation d’assises de l’aéronautique à l’été 2021. « Notre volonté est de rendre compte de nos travaux et de confronter nos idées avec les élus locaux, les décideurs économiques mais aussi au plus grand nombre possible d’habitants du territoire. Ce sont, eux, qui sont concernés en premier lieu par les bouleversements en cours », assure Pascal Gassiot.
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