CONNEXION. Plus respectueux de l’environnement, bon marché, pratique… Malgré ces atouts, le train peine à s’imposer. Que lui manque-t-il ? Alain Costes, cofondateur de Mapping Consulting, cabinet de conseil spécialisé dans les écosystèmes de l’innovation, s’est penché sur la question.
Répondre aux attentes des voyageurs, qu’il s’agisse d’usagers professionnels ou de touristes. C’est là tout l’enjeu du ferroviaire pour les prochaines années. Selon Alain Costes, « ce mode de transport n’occupe pas la place qu’il mérite aujourd’hui. Il faudrait qu’il devienne plus souple et plus moderne.» Compte tenu de son maillage important, entre la grande vitesse et les lignes territoriales, le train dispose d’un potentiel de développement indéniable.
Le directeur scientifique de Mapping Consulting estime que le numérique est au cœur du processus de réhabilitation du ferroviaire. Il identifie une nécessité de mélanger usages et technologies. « Les utilisateurs seraient même prêts à payer leur billet plus cher s’ils disposaient de prestations supplémentaires. Pour des écrans derrière les appuie-têtes par exemple, comme dans les avions », lance-t-il. Pour lui, il est ainsi capital d’envisager le train comme un service à part entière et non comme un simple mode de transport.
Pour ceux qui utilisent le train pour se rendre de leur domicile à leur entreprise, il devra prendre l’allure d’un bureau mobile où tout est mis en œuvre pour permettre aux voyageurs de travailler. « Moi le premier, je vais souvent à Figeac par les rails. Je suis confortablement installé, je ne conduis pas, je suis au calme. Toutes les conditions sont réunies pour que je réponde tranquillement à un appel d’offres », raconte Alain Costes. À ce moment précis, il lui serait intolérable de ne pas avoir Internet, ou que les coupures de signal l’empêchent de finaliser son dossier. Pour qu’il le privilégie, un professionnel doit donc pouvoir trouver dans le train les mêmes conditions de travail qu’à son bureau.
De même, les services aux passagers dits de tourisme restent faibles. « Il faudrait les développer activement pour que les voyageurs trouvent une plus-value à prendre le train », estime Alain Costes. Outre le fait que ce moyen de transport permette de découvrir le territoire, les paysages, certains monuments…, il imagine la location de casques audio pour assurer une sorte de visite guidée. « Dix minutes avant d’entrer en gare, l’on explique quelles sont les curiosités à ne pas rater ou l’histoire de la ville dans laquelle on s’apprête à arriver. C’est un exemple d’applications supplémentaire pour séduire les usagers », rajoute-t-il.
Ainsi, le train peut prétendre se hisser à la hauteur des autres modes de transport, à condition que les pouvoirs publics et la SNCF mettent tout en œuvre pour le moderniser, tant en termes d’usage que d’infrastructures. « Il faut prendre un virage numérique que le ferroviaire n’a pas encore amorcé et faire impérativement en sorte que le réseau existant soit mieux entretenu pour ne pas avoir plus tard à reconstruire », conclut Alain Costes.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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