Après une été durant lequel le manque d’effectifs s’est avéré encore plus criant qu’en temps normal, les surveillants de la prison de Seysses dénoncent une situation désastreuse.
Le pire été depuis la création du lieu en 2003 ! Voilà ce que viennent de vivre les personnels du centre pénitentiaire de Toulouse Seysses. Après le rapport accablant et alarmant rendu public récemment par la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), cette fois, ce sont les surveillants eux-mêmes qui expriment leur mal-être face à leur conditions de travail.
En cause, la surpopulation désormais endémique de la prison avec plus de 200 matelas au sol et des cellules prévues pour une personne occupées par trois détenus. Mais aussi et surtout, le manque cruel d’effectifs pour faire face à ce phénomène. Un déficit qui s’est avéré particulièrement criant cet été. “Cela a commencé en juin par une note de service indiquant le passage en mode dégradé. Ce qui a entraîné des fermetures de postes. En service de nuit, normalement nous devons être 13 agents. Là nous étions 11 quand tout allait bien, voire 10 ou 9. En cas de sorties ou d’urgences, cela aurait pu être la bérézina”, témoigne Jérôme Combelles, secrétaire local Force Ouvrière de la prison de Seysses.
Détaché en tant que représentant syndical, ce dernier a remis l’uniforme pour prêter main forte aux collègues qui ont, selon ses mots, “maintenus à flot tant bien que mal paquebot seysseois”. Si le désastre est connu depuis plusieurs années, Jérôme Combelles a pu constater la dégradation de la situation qui se poursuit. “Ce n’est pas nouveau mais du fait de la fatigue et de la colère accumulées, on arrive à un point de saturation. En moyenne, les agents font entre 80 et 85 heures supplémentaires par mois, avec la vie de famille forcément impactée, les agressions verbales et physiques de la part des détenus se multiplient, c’est catastrophique”, poursuit le syndicaliste.
Celui-ci a fait ses calculs, il manque au quotidien 28 agents plus quatre autres qui partent bientôt à la retraite. Ce sont au total 32 postes qui font défaut pour couvrir et soulager les effectifs sur la prison de Seysses Toulouse. A l’approche de la prochaine commission administrative paritaire (CAP), instance qui détermine les mutations dans chaque centre pénitentiaire, Jérôme Combelles en appelle au directeur interrégional de l’administration pénitentiaire pour que Seysses bénéficie enfin de renforts. “Il y a deux CAP par an et lors des deux dernières, nous n’avons obtenu qu’un poste supplémentaire alors que nous sommes le plus gros site d’Occitanie, c’est une honte absolue”, enrage-t-il.
Au bord de l’explosion et en attendant que le projet de troisième prison se concrétise rapidement, les surveillants espèrent un geste fort de la part de leur direction. “Nous serons particulièrement vigilants sur l’enveloppe qui sera attribuée à l’Occitanie par le direction de l’administration pénitentiaire. Nous savons qu’il y a de la demande de la part des agents pour venir à Seysses”, assure Jérôme Combelles qui n’exclut pas la possibilité d’un mouvement de grève si jamais aucun signal positif n’était envoyé aux agents de la prison de Seysses.
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