L’arithmétique, la physique et l’astronomie vont-elles remplacer le jeu du béret, le ballon prisonnier ou les chasses au trésor ? Pour rattraper l’année scolaire tronquée par le coronavirus, les colos apprenantes de la Ligue de l’enseignement, près de Toulouse, permettent de réviser quelques notions des programmes tout en s’amusant.
Tir d’une fusée hydropneumatique lors des colos apprenantes de la Ligue de l’enseignement, près de Toulouse © Nicolas Belaubre – Journal ToulousainTrois, deux, un… Lancement ! La fusée s’élève dans le ciel, vacille un instant et amorce une descente hasardeuse avant de s’écraser, quelques mètres plus loin, sous les applaudissements. Nous ne sommes ni à Kourou ni à Baïkonour, mais à Mondonville en plein exercice pratique d’un atelier d’astronomie, dans une « colo apprenante ». L’un des dispositifs mis en place par l’État dans le cadre l’opération « Vacances apprenantes » visant à rattraper une année scolaire tronquée par la crise du coronavirus ainsi qu’à resocialiser des écoliers parfois restés trop longtemps éloignés de l’institution. En premier lieu, les enfants issus des quartiers prioritaires de la ville ou de zones rurales isolées.
La ligue de l’enseignement, engagée depuis plus de 150 ans dans des projets d’éducation populaire et l’organisation de centres de vacances, a immédiatement répondu à l’appel et proposé quatre séjours thématiques répondant aux critères déterminés par le gouvernement. Notamment celui d’inclure, en matinée, des activités ludiques et de loisirs visant à renforcer les compétences scolaires des participants autour de grands champs de connaissances tels que le développement durable, le sport, la science, le numérique ou les langues étrangères. « C’est ce que nous faisons toute l’année. Les actions que nous mettons en place, comme les classes découvertes, ont toujours un sens pédagogique. Cette année, le dispositif nous incite à proposer des contenus un peu plus approfondis et avec un aspect plus scolaire », détaille Audrey Moyaux, directrice du Domaine d’Ariane, un centre d’hébergement de grande capacité appartenant à la Ligue de l’enseignement qui accueille, à chaque période de congés scolaires, des colonies de vacances.
Sur ce terrain de 8000 mètres carrés qui déroule ses valons à deux pas des pistes d’atterrissage de l’aéroport Toulouse-Blagnac et des hangars monumentaux des chaînes d’assemblage Airbus, une trentaine d’enfants soigneusement abrités sous leurs casquettes vaquent à leurs occupations par petits groupes. Accompagnés par leurs animateurs et des spécialistes de la vulgarisation scientifique, ils bricolent des fusées, jouent au speedminton (une version outdoor et sans filet du badminton), se penchent sur des problèmes de programmation robotique ou explorent la biodiversité locale. « Nous les initions à des sports moins conventionnels, comme le hockey ou le baseball. Ici, les enfants apprennent à s’arbitrer eux-même et à réfléchir à leur pratique. Demain, nous ferons une séance autour des gestes qui sauvent », présente Estelle Dagonneau, en charge de l’activité ‘’sport autrement’’.
Dans une salle à proximité des grands terrains de rugby, une dizaine d’enfants planche, dans une ambiance studieuse, sur des problèmes de codage informatique. Ce matin, l’exercice consiste, pour certains, à formuler la liste des commandes à envoyer à une imprimante 3D afin de lui faire réaliser un dessin complexe. « C’est dur, mais je m’accroche », s’exclame Leeroy, 12 ans, l’un des participants à ce séjour sur le thème de la robotique. Pendant près d’une semaine, le garçon va découvrir, avec une dizaine de camarades, les fondamentaux de l’électronique et de la programmation. « Hier, nous avons travaillé avec l’appli mBlock. C’est comme un jeu. Nous devons positionner des petites briques dans l’espace pour simuler la programmation d’un circuit électrique », raconte Zakarya, 11 ans et demi.
Séduit par la proposition, celui-ci est d’ailleurs venu avec son frère cadet. « Ici, c’est comme l’école, mais en plus cool. Ça reste vraiment des vacances. Le matin on fait un peu de robotique et le reste de la journée, on fait des activités physiques ou des jeux de société », précise-t-il. « Ces petits exercices permettent d’aborder de manière plus ludique des éléments des programmes scolaires comme l’algorithmie ou, plus simplement, de réviser les tables de multiplication. Par exemple lors du calcul des valeurs des résistances », ajoute Jean Cordier, intervenant spécialisé en robotique et astronomie.
Dans la cour, un groupe d’apprentis astronomes s’apprête à expérimenter les premiers tirs de fusées hydropneumatiques. Quelques coups de pompe à air pour augmenter la pression dans une bouteille d’eau transformée en réplique d’un bolide spatial, un coup de tirette sur le déclencheur, et l’objet se trouve instantanément projeté à une dizaine de mètres du sol. « Elles sont propulsées grâce au phénomène d’action-réaction. C’est le même principe que quand tu t’appuies sur un mur. Le mur te redonne la force avec laquelle tu t’appuies », explique Noélie, 9 ans, qui vient de terminer son année de CM2.
Pour cette première expérience en colonie, la jeune passionnée d’étoiles est amplement satisfaite. « C’est trop bien, tu te fais de nouveaux copains et les activités sont super. Mardi on a fait un cadran solaire et ce soir on va regarder passer la comète avec le télescope. » Depuis deux ans, la petite fille rêve d’être astronome. Elle n’a donc pas hésité une seconde sur la destination de ses vacances.
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