Devenu tétraplégique en 2010 après un accident de rugby, Tony Moggio n’a pas pour autant baissé les bras. Le jeune homme de bientôt 33 ans témoigne d’une énergie remarquable et se prépare désormais pour un nouveau défi : nager quatre kilomètres en Méditerranée à la seule force des biceps. – Grégoire Souchay
« L’accident ne m’a pas changé, au contraire », assure Tony Moggio. Pour celui que l’on décrit comme créatif, inventif et surtout persévérant, il est évident que « quand on le veut et que le corps en est capable, on peut se reconstruire ». Après l’accident de rugby qui l’a rendu tétraplégique, cette énergie le pousse à quitter son emploi à la SNCF. « Pour ne pas rester toute ma vie derrière un bureau », dit celui qui est aujourd’hui devenu gérant immobilier, en plus de ses autres casquettes d’auteur et conférencier.
Dans son entourage, chacun a son rôle : son père, cheminot d’origine italienne, qui le suit dans ses tournées, sa sœur, qui est devenue son manager et agent, et bien sûr sa femme, infirmière de formation, qui l’accompagne pour les soins avec sa mère. Une vraie petite entreprise, mais surtout, un pilier pour l’ancien rugbyman. Cet « amour sans failles me booste continuellement », dit-il.
« Je voulais dire à tous ceux qui ont été victimes d’accidents graves qu’ils ne sont pas foutus », poursuit Tony Moggio. Plutôt qu’une reconstruction personnelle, son premier livre* lui a donné « l’occasion d’offrir quelque chose aux autres ». Il a ainsi, depuis deux ans, fait « une tournée fabuleuse » dans les clubs de rugby de Pro D2, et prépare un nouvel ouvrage sur la prévention des risques liés à ce sport.
S’il est lui-même épargné par les difficultés financières, il observe avec attention les problèmes d’accès aux équipements adaptés pour les plus démunis. « Tout le monde n’a pas les moyens de se payer un fauteuil à 20 000 € » alerte-t-il dans ses nombreuses conférences où il tente d’apporter « un regard neuf sur le handicap et la relation patients-soignants ».
« La vie nous teste, moi je voulais tester ma tétraplégie », confie-t-il. Adepte de la natation depuis sa rééducation, il tire avantage de l’eau qui ne lui fait pas faire sentir le poids du corps. Même si son handicap lui retire la moitié de son souffle, il persiste : « Un tétraplégique qui traverse la mer », ce serait quelque part « une manière de retrouver une place dans le monde sportif », espère-t-il. Et de renouer ainsi avec son identité.
* Moi, Tony Moggio, Talonneur brisé, ed. Privat, 2015
Grégoire Souchay
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