Toulouse Fact Checking – Le mois dernier, des affichettes dénonçant la présence d’un piège à oiseaux sur le toit du magasin Lidl du quartier des Minimes et accusant de maltraitance la Sacpa, une entreprise de fourrière animale, ont fleuri sur les abribus du centre-ville. Diffamation ou véritable alerte émanant d’un défenseur de la cause animale ? Nous avons suivi la piste.
DRScotché sur un abribus, un petit tract, manuscrit et anonyme, alerte le passant sur la présence d’un piège à pigeon sur le toit d’un magasin Lidl, avenue des Minimes. Son auteur met également en cause la Sacpa chargée de récupérer les oiseaux et de les gazer. Trois liens vers des sites promettant « la vérité sur le groupe Sacpa » ou de « très gros dossiers ». Curieux d’en savoir plus, nous avons consulté les pages Internet citées.
Les sites correspondants s’avèrent être des profils Facebook qui dénoncent, sur la seule foi de témoignages, les pratiques de l’entreprise et attaquent ses dirigeants avec des propos parfois insultants et extrêmement virulents. Nous avons donc directement pris contact avec la Sacpa qui, dans un premier temps, s’est dite étrangère à la présence du piège sur le site du magasin Lidl. Nous nous sommes alors tournés vers la mairie de Toulouse, le 28 septembre, pour vérifier si les services d’hygiène étaient responsables, ou au moins informés de la situation. L’enseigne Lidl, pour sa part, a brillé par son opacité, refusant simplement de nous mettre en contact avec un service de presse ou un responsable de magasin et nous proposant, pour seul interlocuteur, le service client.
Françoise Roncato, adjointe au maire en charge de l’animal dans la ville, nous répond par téléphone : « Une volière a bien été mise en place par la Sacpa, sur demande de la mairie, suite à des plaintes du voisinage. Les pigeons y sont alimentés puis relevés une fois par semaine. Les spécimens en bonne santé sont bagués et stérilisés puis relâchés, les autres sont “endormis” », explique l’élue avant d’ajouter que « la régulation des pigeons est une obligation du maire et le nourrissage passible d’une amende ».
En insistant, nous apprenons que la cage a été placée suite à des plaintes du magasin Lidl, visiblement agacé par l’affluence des volatiles. Nous nous sommes rendus sur place le 28 septembre, mais la volière avait été retirée le jour même, soit deux jours après notre premier contact avec la Sacpa. En sept mois, 258 pigeons ont été capturés selon la municipalité. Mais il nous a été impossible d’obtenir plus de précisions sur la part d’oiseaux euthanasiés par étourdissement, ni les conditions et le coût d’une stérilisation par ablation des organes reproducteurs. Un responsable commercial de la Sacpa, qui a finalement répondu à nos questions, s’est contenté d’expliquer que toutes les opérations sont réalisées sous contrôle vétérinaire mais a refusé de dévoiler les statistiques d’oiseaux euthanasiés, nous renvoyant vers la mairie.
Malgré nos relances, ce chiffre ne nous aura pas été communiqué. Selon un article de “La Dépêche du Midi”, il atteignait les 90% en 2014. Une proportion qui contredirait l’intention affichée de préserver les spécimens en bonne santé et de veiller à leur bon traitement. En définitive, si les pièges ne sont pas une initiative privée du magasin, le tract alertait sur une pratique bien réelle mais parfaitement légale. Seule information contestée par la mairie, les oiseaux ne seraient pas euthanasiés par gazage mais par étourdissement. Nous pouvons toutefois rappeler qu’un particulier qui poserait des pièges de sa propre initiative s’exposerait à des sanctions, de même que la diffamation et l’injure sont sévèrement punis par la loi.
Commentaires