Les stations de ski des Pyrénées ne rouvriront pas ce jeudi 7 janvier comme initialement annoncé par le gouvernement. Une décision qui ne surprend pas grand monde dans le milieu de la montagne, mais qui fait craindre une nouvelle menace. Celle de l’année blanche.
Comme accrochés à la magie de Noël, les exploitants des domaines skiables des Pyrénées avaient encore espoir d’ouvrir leurs stations ce jeudi 7 janvier. Perspective douchée par Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement qui annonçait, il y a deux jours, revenir sur cette échéance. Au vu du nombre quotidien de cas positifs à la Covid-19 (plus de 25 000 au niveau national), l’État a décidé de reporter la remise en service des remontées mécaniques. Sans toutefois communiquer de date précise.
Ainsi, les stations de ski sont à nouveau plongées dans l’expectative. « Cette annonce n’a pas été une réelle surprise. Les statistiques sanitaires n’étant pas bonnes et nous nous doutions que nous ne pourrions pas ouvrir cette semaine », avoue Laurent Garcia, directeur du domaine skiable de Peyragudes. En revanche, les professionnels de la montagne s’attendaient à une date butoir à laquelle ils pourraient reprendre leurs activités. « Nous pensions quand même pouvoir relancer les remontées mécaniques au pire le 23 janvier », poursuit-il.
C’est à partir de cette date limite que les exploitants de domaines skiables considèrent ne plus pouvoir sauver leur saison, ou difficilement. Et même si l’idée d’une année blanche restait inenvisageable avant les vacances de Noël, elle est maintenant dans tous les esprits. « Comment allons-nous faire si le taux de contamination ne descend pas d’ici là et que nous ne pouvons pas ouvrir du tout cet hiver ? » s’inquiète Laurent Garcia.
Plongées dans le brouillard, les stations manquent cruellement de visibilité. Elles ne peuvent, en l’état, prévoir aucun investissement, et continuent d’engager des frais, par anticipation. « Nous avons recruté des saisonniers, actuellement au chômage partiel, et nous préparons les pistes afin de ne pas être pris de cours si la saison redémarre », témoigne Laurent Garcia. En attendant, à Peyragudes, la station est quasiment à l’arrêt. Seules quelques activités sont maintenues le week-end. Ainsi, seulement cinq salariés travaillent encore sur le domaine, quand 150 s’activaient l’année dernière, à la même époque.
« Qu’une date de reprise de l’activité soit fixée ou que l’on annonce une année blanche, nous avons besoin d’une décision claire pour négocier les aides appropriées et agir en conséquence », précise Guillaume Roger, directeur opérationnel de N’Py, regroupement de sept domaines des Pyrénées.
Car si les professionnels restent dans le flou concernant l’ouverture de leur station, ils le sont également concernant le soutien à la filière. « En dehors du recours au chômage partiel, nous n’avons encore reçu aucune aide directe. Rien n’est tombé », se lamente le directeur de Peyragudes. « Toutes activités confondues, nous enregistrons quand même une perte de 3,5 millions d’euros à ce jour sur le domaine », observe-t-il.
Au total, selon N’Py, les sept stations partenaires affichent un manque à gagner de 20 millions d’euros. « Sachant qu’un euro dépensé dans les remontées mécaniques génère sept euros dans le tissu économique local, c’est donc une perte de 140 millions d’euros que nous déplorons », précise Guillaume Roger.
Leur dernier espoir réside dans la baisse rapide des cas positifs à la Covid-19 ou la territorialisation des autorisations d’ouverture. « L’Occitanie étant moins touché que les régions des Alpes, par exemple, cela pourrait être un bon compromis », estime le directeur opérationnel de N’Py.
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