OVALIE. Première discipline à regrouper des personnes valides et en situation de handicap, le rugby fauteuil, ou XIII fauteuil, est en pleine phase de développement. Un sport dont les Toros de Saint-Jory, filiale du TO XIII, entendent bien devenir la locomotive, à la fois sur et en dehors du terrain.
«Allez les gars, il faut du mouvement, tout est une question de timing !» L’entraînement a commencé depuis un bon quart d’heure au gymnase de Saint-Jory et Jean-Jacques Bédué harangue ses troupes en bon entraîneur. Suite à un intense exercice de maniement du fauteuil, celui qui est aussi le président des Toros de Saint-Jory, la section rugby fauteuil du TO XIII, se retourne tout sourire : «Alors, d’après vous, qui est valide et qui est “handi” ?»
Impossible à dire, en effet. Et c’est bien là la singularité de ce sport. Le XIII fauteuil est la seule discipline à ce jour à réunir personnes en situation de handicap et valides. La règle stipule seulement que parmi les cinq joueurs de champ, trois doivent être considérés en situation de handicap. Sur le terrain, le fauteuil efface les différences. Et l’on en prend grand soin, à l’image de Mostefa Abassi, véritable chef mécano pour ses coéquipiers. Cet été, “Mouss” était aux Jeux Paralympiques de Rio avec l’équipe nationale algérienne de basket en fauteuil. «C’est le plus rapide de l’équipe», confie le président, fier de sa recrue comme des autres joueurs de l’équipe de France qu’il a parfois fait venir d’assez loin.
Quatre ans seulement après avoir créé le club, ce dernier est en train de constituer LA “dream team” de cette discipline qu’il a découvert par hasard alors qu’il s’occupait de l’école de Rugby de Cahors. «On n’a pas encore de titre mais cette saison, on fait partie des grands favoris. On est un peu le Real Madrid du rugby fauteuil», lance Jean-Jacques Bédué.
« La mixité est ce qui m’a plu dans ce sport, c’est vraiment ouvert à tout le monde. »
Pourtant ce soir-là, pas de Cristiano Ronaldo sur le terrain mais des joueurs de tout âge, de toute corpulence et même des deux sexes. «C’est ce qui m’a plu dans ce sport, c’est vraiment ouvert à tout le monde. Il m’a fallu un peu de temps pour maîtriser le fauteuil mais on peut prendre du plaisir assez facilement», affirme Brigitte Sudre, une des “valides” du groupe. Comme elle, David Berty a travaillé dur pour atteindre le niveau des habitués. Et pas seulement physiquement. «Après quatre ans de dépression suite au diagnostic de la sclérose en plaque, j’ai essayé plusieurs sports avant que Jacques-Jacques me propose d’essayer sa discipline. Cela faisait des années que je luttais contre le spectre du fauteuil qui était pour moi synonyme de handicap lourd, alors au début, c’était hors de question.» L’ancien joueur du Stade Toulousain et du XV de France finit par céder. Dès le premier match, c’est le déclic, il reprend goût à la compétition. Ses doigts bandés et son corps sculpté trahissent l’acharnement qu’il met à s’entraîner avec en tête la Coupe du Monde en juillet prochain, à Toulouse.
Surtout, il est devenu un ambassadeur intarissable du rugby fauteuil : «Quand les gens viennent nous voir pour la première fois, leur regard change le temps du match. Même entre nous, il y a des malades de naissance, des accidentés de la route ou des valides venus là par hasard, mais sur le terrain et dans la vie de groupe au quotidien, on n’y prête plus attention.» Seulement créé en 2001, le XIII fauteuil est en plein essor et des clubs se montent un peu partout en France. Alors que le bruit des chocs entre fauteuils résonne encore dans le gymnase, Jean-Jacques Bédué se montre plus qu’optimiste quant à l’avenir : «Je suis sûr que le sport va se développer et que dans quelques années, nous serons considérés comme des pionniers. Tout est une question de timing.»
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