Pour expliquer les blocages actuels à propos du lancement d’un RER à Toulouse, le collectif Rallumons l’étoile organise une conférence sur les relations entre Tisséo et la Région Occitanie dans le domaine ferroviaire.
Un RER à Toulouse ? En théorie, tous les acteurs concernés se disent favorables à l’idée. Mais en pratique, le projet n’avance pas. C’est le constat fait par l’association Rallumons l’étoile qui, après avoir réussi à faire émerger l’hypothèse d’une étoile ferroviaire dans la métropole toulousaine, en mobilisant de nombreux citoyens et élus, se heurte aujourd’hui à un obstacle majeur, d’ordre institutionnel. « Le nerf de la guerre, c’est évidemment l’argent » souligne Benoît Lanusse, porte-parole de Rallumons l’étoile, pointant du doigt les positions de la Région Occitanie et de Tisséo, les deux autorités organisatrices des transports sur lesquelles reposent la réalisation du RER. Elles se renvoient la balle depuis plusieurs années sur la question du financement.
C’est donc pour éclairer « un sujet complexe » et faire avancer le débat que le collectif organise ce mardi 9 février une conférence sur les relations entre la région et le syndicat des transports de la métropole à propos des questions ferroviaires. « Nous ne sommes pas dans le jugement, mais, en se penchant sur l’histoire de cette relation depuis trente ans, on comprend mieux la situation actuelle et cela peut contribuer à débloquer les choses », avance Benoît Lanusse.
En effet, si l’idée d’un RER à Toulouse a refait surface récemment, les enjeux du ferroviaire en milieu urbain et périurbain ne datent pas d’hier, comme le rappelle Juliette Maulat, maîtresse de conférence en urbanisme à l’université Paris 1, l’une des intervenantes de la conférence. « Dès 1981, la région Midi-Pyrénées a mis en place un premier plan de transport sur la partie urbaine et périurbaine de Toulouse, avec la création de plusieurs gares, comme celles de Montaudran ou de Labège-Innopole », raconte la chercheuse. Mais la première vraie expérience commune entre la Région et le Syndicat mixte des transports en commun de l’époque (SMTC) va se concrétiser par la ligne C, reliant la gare des Arènes à Colomiers.
Depuis près de trente ans, il est en effet possible pour les usagers d’emprunter cette portion de la ligne TER Toulouse-Auch avec un titre de transport urbain. « C’était une initiative du SMTC dont la région a accepté de se saisir en la cofinançant. Mais malgré la réussite commerciale, il y a eu un conflit à la fois financier et d’image. La région estimant l’accord insatisfaisant et regrettant que la ligne soit identifiée comme une ligne de métro », poursuit Juliette Maulat. Une expérience qui explique donc, en partie, le blocage actuel.
« Aujourd’hui, il existe une forme d’entente cordiale entre les deux pour que chacun reste dans son domaine de prédilection. Des accords sont passés sur les interconnexions, mais la métropole, à travers Tisséo, n’intervient pas sur le ferroviaire. Ce qui convient à la région, étant donné les tensions du passé. Ce n’est pas un conflit, mais chacun campe sur ses positions », résume Bruno Revelli, le second intervenant, maître de conférence à l’université Toulouse Jean-Jaurès.
Mais l’histoire n’est pas une ligne directe. Sur l’intérêt du développement ferroviaire autour de Toulouse, les deux chercheurs voient notamment une rupture nette au moment des élections municipales de 2014. « Si Tisséo semble aujourd’hui s’en désintéresser, ce n’était pas le cas lors de la période 2009 – 2014, durant laquelle la métropole était très offensive sur le sujet. Aujourd’hui, il y a une hiérarchisation des investissements et des arbitrages au profit des projets routiers, notamment, qui peut interroger au regard des enjeux de la transition écologique », évoque Juliette Maulat.
Tandis que d’autres métropoles ont su développer un réseau ferroviaire ou sont en train de le faire comme Bordeaux, à Toulouse, seules des études à l’horizon 2040 sont pour l’instant évoquées. Qui fera donc le premier pas entre la Région et Tisséo ? Une chose est sûre, selon les universitaires, le projet ne pourra pas voir le jour sans cofinancement.
Commentaires
Stéphane COPPEY le 11/12/2024 à 22:02
Tisséo ne peut être Lio, ni Lio Tisséo. A chaque AO de gérer ses réseaux avec ses exploitants respectifs. Ca n'empêche pas de rendre l'usage conjoint de ces réseaux transparent pour les usagers, tant en termes d'information, de coordination des horaires que de tarification. C'est ce qu'on appelle l'intermodalité ... et l'intelligence collective. Coordonner des réseaux ne coûte pas d'argent à une AO ni une autre. ça en fait gagner aux deux ... et aux usagers !