GYM TONIQUE. Oublier une date d’anniversaire, stresser avant un examen important ou avoir du mal à se concentrer en classe… Tous ces tracas de la vie quotidienne, en partie liés à la mémoire, ne sont pas une fatalité. À tout âge, des solutions existent pour muscler ses capacités de concentration et renforcer sa mémoire…
Avant d’écrire cet article, son auteur s’est attelé à une petite cérémonie bien particulière : un verre d’eau d’abord, bu lentement, en gardant l’eau dans la bouche. Avant une série de mouvements, tels qu’un massage d’un petit creux sous la clavicule avec l’index, tout en posant l’autre main sur le ventre, ou encore des mouvements croisés consistant à se toucher le genou avec son coude opposé. Il ne s’agit pas d’invoquer quelconque esprit de l’inspiration, mais plutôt de se mettre en condition pour utiliser au mieux le potentiel de son cerveau. Cette petite méthode toute simple s’appelle l’ECAP, pour ‘’Énergisant, clair, actif, positif’’ et fait partie des 26 mouvements du Brain Gym, marque déposée et mise au point dans les années 1980 par le chercheur américain Paul Dennison. Inspirée du yoga, de la psychomotricité, de l’ergothérapie ou de la médecine chinoise, cette discipline qui se traduit en français par ‘’éducation kinesthésique’’ consiste à redonner une place centrale au corps afin de mieux apprendre.
®franckalix/JTAuprès des enfants notamment, le Brain Gym aurait de multiples conséquences positives comme le fait d’améliorer leurs capacités d’écriture, de lecture, d’expression orale et de logique, mais aussi à se concentrer, à mémoriser et à communiquer. Autant de ‘’surpromesses’’ parfois dénoncées par la communauté scientifique évoquant un « neuromythe sans fondement scientifique », mais qui n’empêchent pas le Brain Gym de se développer dans les classes du monde entier. Le mouvement prend de l’ampleur également dans la région. Le 24 juin prochain, l’académie québécoise Neuro Gym Tonik organise, par exemple, à Venerque, une formation à destination de l’ensemble des intervenants auprès des 0-12 ans (parents, éducateurs, professionnels de santé, enseignants…), qui affiche complet depuis de longs mois. L’occasion d’apprendre ces mouvements simples, utilisables partout, même à la maison, et à tout moment de la journée.
À tout âge également. Car derrière le succès du Brain Gym, se cache bien sûr l’idée que chacun peut être acteur du bon fonctionnement de son cerveau. C’est ce qu’Isabelle Decognier répète inlassablement aux seniors participant aux ateliers mémoire qu’elle propose en partenariat avec la CARSAT (Caisse d’Assurance Retraite et de l’Assurance au Travail) : « il y a une notion de plasticité cérébrale qui fait qu’à tout âge, le cerveau peut s’autoréparer et recréer des connexions neuronales, c’est une question de volonté ». Aiguillés vers Isabelle Decognier via la Carsat, les maisons de retraite ou le centre mémoire du gérontopôle du CHU de Toulouse, les participants aux ateliers ont ainsi d’abord droit à des informations théoriques sur le fonctionnement des différentes mémoires – car il en existe plusieurs – et du cerveau en général. « C’est très important, il faut en premier lieu apprendre à se connaître et savoir par exemple que le cerveau est le plus grand consommateur d’oxygène. On parle également des facteurs facilitateurs de mémoire comme l’alimentation, le sport, l’hygiène de vie en général et des facteurs inhibiteurs que sont le stress, la colère, la déprime », détaille Isabelle Decognier. L’atelier, composé de 12 séances hebdomadaires d’1h30 consiste ensuite en une série d’exercices ludiques destinés à développer la force d’attention et de concentration, et à acquérir des stratégies de mémorisation : association de mots, puzzle virtuel, anagramme, calcul des heures, invention d’histoires… « Ce sont des exercices qui seraient utiles pour tout le monde y compris les enfants. Mais pour un public âgé, ce qui compte aussi, c’est la convivialité et le fait de rompre l’isolement. Venir à un atelier mémoire est déjà en soi un signe d’ouverture, de confiance et de dynamisme, c’est très bon pour le cerveau », assure Isabelle Decognier.
Sortir de sa zone de confort, bouger pour renforcer sa mémoire, c’est ce que proposent de plus en plus d’associations, à l’image de la fédération française EPGV (Éducation Physique et Gymnastique Volontaire) avec son concept Gymmémoire. Gisèle a participé au programme via le club GV de Fonbeauzard, affilié à la fédération. Elle en est sortie pleine de volonté : « je ne vais pas dire que je n’oublie plus rien, mais j’ai un peu plus confiance en moi. Je sais que perdre la mémoire n’est pas une fatalité et je suis bien décidée à me prendre en main pour rester autonome le plus longtemps possible.»
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