OR BLANC. Le ski est de plus en plus décrié pour son impact sur l’environnement. Depuis quelques années, certaines stations des Pyrénées tentent de limiter leur impact. Et de préserver par la même occasion leur fonds de commerce.
La montagne, son calme et son air pur. Mais aussi ses complexes de ski, ses embouteillages et ses canons à neige. Conscientes qu’elles sont décriées pour leur impact sur la faune, la flore et les ressources en eau, des stations décident de jouer la carte verte. Dans ce domaine, celles des Alpes se montrent les plus actives. Dans les Pyrénées, le réseau Altiservice, filiale du groupe Engie, fait partie des acteurs les plus volontaires. L’opérateur gère quatre stations de ski dans le massif pyrénéen: Saint-Lary, Font-Romeu Pyrénées 2000, Guzet et Artouste. Chaque année, un million de skieurs viennent fouler les pistes.
Pour satisfaire leur envie de glisse, même quand la poudreuse vient à manquer, les stations font tourner leurs canons à neige. Un palliatif gourmand en eau. Alors pour limiter la casse, Altiservice a décidé de miser sur la technologie pour optimiser sa production de neige de culture. «Toutes nos dameuses sont géolocalisées, un logiciel analyse leurs tracés afin de leur éviter de passer plusieurs fois au même endroit. On consomme ainsi de 18 à 20 % de carburant en moins », explique Akim Boufaid, directeur du marketing commercial et directeur de la station de Guzet. À cela s’ajoute un radar embarqué. Il mesure l’épaisseur de la couche de neige et envoie les informations en salle des machines où sont pilotés tous les enneigeurs. «Jusqu’ici, on produisait de la neige à l’aveugle. Avec ce système, nous produisons les quantités dont nous avons besoin», poursuit Akim Boufaid. Sans dévoiler en quelle proportion, cette technologie promet, selon lui, de réaliser des économies d’électricité et d’eau.
Les quatre stations se targuent aussi de fonctionner à l’énergie verte depuis trois ans. Mais pas de panneaux solaires et d’éoliennes à l’horizon. Elles misent plutôt sur la compensation. «Pour des raisons techniques et législatives, il est compliqué d’auto-consommer l’énergie que nous pourrions produire. Nous ne pouvons pas installer des panneaux solaires car nous sommes orientés plein Nord», précise Akim Boufaid. Pour chaque kilowatt/heure consommé, l’équivalent en énergie renouvelable est donc injecté dans le réseau.
Sur les pistes, les skieurs sont aussi mis à contribution. Outre des poubelles de tri sélectif, de grands tubes en fer en forme de cigarette sont disséminés aux quatre coins de la station. Grâce à ces grands cendriers, 30 000 mégots sont récupérés puis recyclés par l’entreprise Terracycle. Ils deviennent ensuite des matériaux d’insonorisation des routes ou du mobilier en plastique.
À Saint-Lary, les vacanciers peuvent aller encore plus loin en laissant leur voiture dans la vallée. En 2009, la commune a inauguré un téléphérique qui relie le village à la station du Pla d’Adet. «Il peut transporter jusqu’à 2 500 voyageurs par jour. Si l’on calcule, cela permet d’éviter l’équivalent de la circulation de 1 400 voitures et d’une cinquantaine de cars», indique le responsable d’Altiservice.
Autant d’engagements couronnés par le label ISO 14 001 qui exige des actions concrètes en matière de mise en place de tri sélectif et d’utilisation de produits biodégradables, notamment pour les huiles de vidange. «C’est une façon de nous auto-obliger à respecter la loi mais aussi de faire des progrès», explique Akim Boufaid. L’enjeu est aussi économique. « Les touristes viennent profiter de l’air pur et de la nature, nous devons le préserver, c’est notre fonds de commerce. »
Dans le dossier de cette semaine :
La montagne veut renfiler son manteau vert
Les solutions pour skier plus durable
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