ELECTRONS LIBRES. Nous devions parler de l’intervention de François Hollande au Supplément de Canal+, de la vente d’armes françaises au Liban et des dernières mesures à la surface de l’océan montrant que mars n’avait jamais été aussi chaud depuis…1880. Mais nos invités, Bruno Flaujac, Rémy Gire et Guillaume Crouau ne l’entendaient pas de cette oreille et se sont absolument régalés à sortir du menu…
Par Aurélie Renne et Séverine Sarrat
C’est l’effusion à la pergola, les costards-cravates se mêlent à leurs analogues tailleurs pour la bien méritée pause déjeuner du lundi. Nos invités ont déjà commencé les présentations lorsque nous arrivons et c’est un peu sceptiques qu’ils accueillent au premier abord le sujet politique du jour. Pourtant nous aurons bien du mal à les faire mordre dans le sujet suivant… « Je suis tombé sur le Supplément sans savoir que Hollande faisait une intervention », rapporte Bruno. « Ce n’est pas une première, ce genre de sortie du cadre officiel, c’est d’ailleurs une émission particulièrement adaptée pour parler à la jeunesse, bien différemment d’une chaîne parlementaire », ajoute Rémy en riant. Ils s’entendent sur le fait que désacraliser le chef d’État, redonne ses lettres de noblesse à notre démocratie : « c’est mieux qu’une émission avec des journalistes briffés par le service communication », poursuit le politique de notre table. Pour Guillaume qui se sent peu concerné par la politique, « le principal c’est encore que l’information circule, mais je ne me fais pas d’illusions, la communication devait être cadrée, même si cela reste agréable de sortir du cadre ». Pourtant Rémy est lui très attaché à garder « cette distance vis-à-vis du chef de l’État. C’est finalement le seul citoyen qui est un peu au-dessus des lois ». Un avis qui laisse nos invités plutôt songeurs… Il poursuit donc « Sarkozy avait cassé cette image avec un tutoiement abusif et d’autres marques de familiarité exacerbées, le président est quand même le garant de la Constitution ! » Quant au fond de l’intervention du président, Rémy explique à propos du pacte de responsabilité plus particulièrement : « c’était une déclaration d’intention qui n’a pas forcément été suivie d’effets… »
« La bonne réponse aurait été : « le FN nous a copiés pour piquer notre électorat »
Bruno lui n’y va pas par quatre chemins estimant qu’ «on en parle beaucoup trop de ce pacte de responsabilité ! Le principale problème de notre pays c’est le pessimisme ambiant, on a les problèmes que l’on se crée… » Et de pointer les avantages de notre belle démocratie, du système de santé français et autres avantages hexagonaux… « Le but des politiques est que le pays aille mieux, le gouvernement essaie de relancer l’économie avec ce pacte de responsabilité, en tout cas, l’idée de baisser le coût du travail est bonne ! » C’est le chef d’entreprise qui parle et qui explique alors à la demande de son voisin de gauche que les mesures ont été ressenties économiquement parlant. Le débat dévie dangereusement vers l’idée de prélever les charges à la source, une idée partagée par tous, afin de « responsabiliser » ! Un mot qui tient à cœur à Bruno, qui donne finalement un avis plus tranché que prévu : « Pardon ! J’avais décidé de ne pas faire de politique aujourd’hui ! Mais clairement depuis que ce gouvernement est là, ça va un peu mieux pour les entreprises, alors que le précédent faisait plus de mal que de bien… » C’est finalement l’auto-entreprise qui en prendra pour son grade : « une fausse bonne idée » d’après Bruno qui aura « peut-être permis à certains de se lancer », modère Rémy ajoutant que la plupart ne déclarent qu’une partie infime de leurs rentrées d’argent. « L’homme reste ce qu’il est… » marmonne Guillaume. Il n’en fallait pas plus à notre coiffeur pour rappeler qu’on « en revient à cette histoire de responsabilisation ! ». Pour relancer nos invités sur le passage de François Hollande sur Canal+, nous évoquons la petite phrase que tout le monde a retenue : « Marine Le Pen parle comme un tract du PC des années 1970 ». Le sang de Rémy ne fait qu’un tour : « ça ne me choque pas c’est clairement le cas ! Ces discours populistes anti-patron sont tout à fait le credo du PC dans les années 70 !»
Bruno : Je suis assez d’accord, d’ailleurs on dit qu’il y a 30% d’extrêmes, elles se ressemblent, il y a là quasi le même discours.
Rémy : Je comprends qu’au PC on se sente attaqué, la bonne réponse aurait été : « le FN nous a copiés pour piquer notre électorat. »
« Le principale problème de notre pays c’est le pessimisme ambiant, on a les problèmes que l’on se crée »
Nos invités sont formels : le parti communisme en France, cela ne veut plus rien dire, il faut changer de nom… Alors que la petite tarte exotique rencontre le café sur la table de la Pergola, nous proposons à nos invités d’aborder un autre sujet. L’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA) a récemment annoncé que le mois de mars 2015 avait été le plus chaud depuis le début des relevés des températures, en 1880… Bruno, résolument optimiste se lance : « notre planète est vivante et l’être humain peut influer sur l’environnement, je suis persuadé que l’on va finir par en prendre conscience et trouver des solutions, on doit se responsabiliser » plaisante-t-il.
Guillaume : Tu parles de responsabilité mais il ne faut pas se reposer sur les autres : ce n’est pas que les Chinois là, on peut parler des Toulousains par exemple qui ont clairement dit oui au tout voiture en refusant le BHNS !
Bruno : C’est sûr que quand ça touche ton pré carré tu es moins prêt à prendre tes responsabilités…
Guillaume : Pourtant ce BHNS était le symbole du changement ! La commission européenne a lancé un précontentieux par rapport à plusieurs pays qui ne respectent pas les normes en termes de qualité de l’air…la France est mauvaise élève. Faut-il aussi rappeler que la voie multimodale du sud-est (LMSE) réservée aux bus, piétons et cyclistes devrait être ouverte aux voitures dans les prochains mois ? Les Toulousains ne sont en tout cas pas prêts au changement.
Rémy : Et cette idée de seconde rocade…Quand on sait que la plupart des bouchons sont dus à de très courts trajets, cela n’a aucun sens !
Bruno : le changement ne peut pas se faire en 6 mois !
« Chez Airbus, il y a dorénavant des bouchons de cyclistes à l’entrée, le matin »
Guillaume saute alors sur l’occasion pour savoir si notre entrepreneur motive ses salariés à se déplacer de manière respectueuse de l’environnement : « Au centre de formation je leur paie l’abonnement Tisséo ! N’oublions pas que le temps c’est de l’argent, qu’ils perdent deux heures en voiture n’est pas non plus dans mon intérêt ! » Et Guillaume de claironner : « Avec l’opération « Allons-y à vélo » chez Airbus, il y a dorénavant des bouchons de cyclistes à l’entrée, le matin ! » Certains signes du progrès sont bien là, tandis que d’autres tardent à se montrer… Nous laissons nos invités du jour – quelque peu ingérables – continuer à débattre sur la cohabitation moyennement efficace entre voitures, vélos et piétons dans les ruelles toulousaines, et vaquons à nos occupations…
Mini-bios
Rémy Gire : Il adhère au Modem en 2008 et prend la présidence des Jeunes démocrates de Haute-Garonne en 2010, tout en étant suppléant au bureau national des Jeunes démocrates. Candidat sur la liste d’Arnaud Lafon lors des dernières élections régionales, il ne se présente pas cette année car aucun acte de candidature Modem n’est déposé en région.
Bruno Flaujac : À 47 ans, ce coiffeur de formation est aujourd’hui le gérant de l’enseigne éponyme. À la tête d’une cinquantaine de salons de coiffure et d’un centre de formation professionnel à Toulouse, il ne compte pas s’arrêter là et souhaite atteindre d’ici quatre ans, une centaine d’établissements. Il est également fortement engagé dans la défense de sa profession qu’il promeut au quotidien.
Guillaume Crouau : Membre actif de l’association toulousaine « 2 pieds 2 roues », il en devient le président en mars dernier, et siège au comité directeur de la FUB (Fédération française des usagers de la bicyclette) qui fédère les associations cyclistes au niveau national. Membre fondateur de la Maison du vélo, il suit et connaît sur le bout des doigts les problématiques des cyclistes mais aussi des piétons.
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