Ils consultent davantage, travaillent moins longtemps et plébiscitent les cabinets regroupés… L’assurance maladie, le Conseil de l’ordre, les médecins libéraux et l’Agence régionale de santé publient une enquête sur la démographie des médecins généralistes en Haute-Garonne.
©PikwizardUne telle enquête n’avait pas été menée depuis plus de dix ans en Haute-Garonne. Conseil de l’ordre des médecins, assurance maladie, médecins libéraux ou Agence régionale de santé, les principaux acteurs du secteur se sont associés pour dresser le portrait des 1 400 généralistes du département. Un tableau riche en enseignements. Premier constat : l’entrée massive des femmes dans la profession. Elles y sont désormais légèrement majoritaires (52 %).
Seconde observation : les consultations sont en hausse, notamment parce que le nombre des visites à domicile s’est considérablement réduit, passant de 14 à 8 en moyenne par semaine, de 2008 à aujourd’hui : « Un médecin peut prendre en charge deux fois plus de patients dans son cabinet que s’il se rend chez eux. Je crois que nous avons atteint un palier incompressible pour les visites, qui ne concernent quasiment plus que des personnes qui ne peuvent pas se déplacer », indique Stéphane Oustric, président du conseil départemental de l’Ordre des médecins de Haute-Garonne.
Cerise sur le gâteau, le temps de travail des généralistes, s’il est toujours très soutenu, a, lui aussi, beaucoup baissé. De 62 heures hebdomadaires en moyenne en 2008, il est tombé à 52 heures. « C’est le résultat des mesures qui ont été prises, notamment pour réduire les durées de permanence des soins, de garde ou de formation continue », poursuit Stéphane Oustric. La multiplication des cabinets regroupés, maisons ou centres de santé est une autre explication du phénomène. En mutualisant leurs moyens, les praticiens passent moins de temps à gérer leur organisation. Ils sont désormais trois sur quatre à exercer ainsi et la tendance concerne presque tous les nouveaux entrants.
« Les jeunes ne souhaitent plus être seuls. Ils n’ont pas peur de s’installer, mais ils veulent simplement travailler dans de bonnes conditions », rapporte Stéphane Oustric. Conséquence directe, le nombre de semaines de congés prises est plus important. Désormais, prés de 60 % des médecins s’en octroient plus de six par an. « C’est une excellente chose. S’ils se reposent, ils se protègent. Et ils sont beaucoup plus disponibles pour leurs patients à leur retour. »
Dans un même temps, l’enquête souligne la nette augmentation des arrêts maladie de longue durée chez les médecins, qui souscrivent désormais massivement à une assurance personnelle ou prévoyance. Et plus de la moitié d’entre eux déclare avoir été confronté à une situation d’insécurité : si le nombre d’agressions physiques baisse légèrement, celui des violences verbales explose.
Enfin, le président du conseil départemental de l’Ordre des médecins de Haute-Garonne se veut rassurant sur leur évolution démographique. L’élargissement du numerus clausus, qui permet de décerner trois fois plus de diplômes qu’il y a 30 ans, va rapidement produire ses effets : « Il y aura une arrivée massive de jeunes médecins dans dix ans, de l’ordre de 10 000 supplémentaires en France par rapport à aujourd’hui. »
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