Solaire, géothermique, nucléaire ou biocombustible… Avec quelle énergie nous chaufferons-nous demain ? Nicolas Doré, chef adjoint du service bâtiment de l’Ademe, dessine les contours des systèmes de chauffage du futur.
« En matière de chauffage, il n’y a pas de solution unique. Tout dépend du logement, de sa conception autant que de son année de construction », avertit en préambule Nicolas Doré, chef adjoint du service bâtiment de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Le volume des pièces, la taille da l’habitation ou sa fonction sont autant de questions qui pourront orienter le particulier vers des choix différents. Selon lui, il faut « sortir du discours monoénergétique et, surtout, du mode de pensée tout électrique. L’avenir est dans le mix énergétique. »
« En termes d’impact environnemental, la première question à se poser est celle des énergies propres », précise le spécialiste avant de détailler les différentes technologies : « Aujourd’hui, il existe un panel assez large de solutions avec, en tête, les pompes à chaleur. On distingue principalement les pompes aérothermiques, qui se régulent sur la température de l’air extérieur, et celles géothermiques qui permettent de puiser la chaleur dans le sol. C’est plus performant mais plus coûteux car il faut creuser pour poser les capteurs dans la terre. Et ce dernier cas n’est envisageable que pour des maisons individuelles disposant d’un jardin », poursuit-il. Même si les pompes à chaleur ne sont pas considérées comme un mode de chauffage utilisant une énergie renouvelable car elles nécessitent un apport électrique extérieur pour fonctionner, elles représentent un premier pas intéressant vers les maisons basse consommation.
Une autre possibilité est de se tourner vers les énergies renouvelables et, entre autres, les biocombustibles, que l’on parle de chaudières biomasse ou de chauffage au bois. « L’offre s’est étoffée avec des appareils plus performants et plus design. Avec le label Flamme verte, qui garantit une pollution de l’air contrôlée, les modèles récents émettent beaucoup moins de particules fines et sont bien en dessous des seuils imposés par la réglementation européenne », observe l’expert de l’Ademe. « On trouve deux grandes familles de chaudières qui utilisent le bois et ses dérivés : le poêle à pellet, des granulés composés de résidus compactés, et le traditionnel poêle à bûches. Ce dernier est plutôt un système d’appoint car il n’est ni réglable, ni automatique, à la différence des poêles à pellet que l’on peut programmer. »
« De manière générale, la tendance pour le futur est à l’hybridation. Comme pour la voiture, avec un usage alterné en fonction du moment. Il existe des offres de pompes à chaleur qui fonctionnent à l’électricité en mi-saison puis basculent sur le gaz pendant l’hiver, au moment où les centrales à charbon, émettrices de CO², viennent compléter les centrales nucléaires. Enfin, l’énergie solaire peut également servir de complément pour le chauffage de l’eau », précise Rémi Doré avant de rappeler la prééminence de la question de l’isolation sur celle de la production de chaleur. Et d’insister sur le fait que « la meilleure énergie, c’est celle que nous ne consommons pas ! »
BIO
Ingénieur en systèmes énergétiques, Nicolas Doré a travaillé pendant plusieurs années au Centre de recherche de Gaz de France avant d’entrer à l’Ademe.
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