NOUVEAU DÉPART. Plus de 300 personnes vivaient dans des conditions très précaires au camp de Ginestous, avant d’être évacuées début juillet. Si certains ont disparu des écrans radars, 165 personnes ont été prises en charge par la mairie et par l’État. Où en sont-ils aujourd’hui ?
// Maylis Jean-Préau
Le lundi 10 juillet dernier, à 7 heures du matin, le camp de Ginestous était évacué. Depuis les années 1950, différentes populations avaient trouvé asile dans ce bidonville aux portes de Toulouse. Avant l’évacuation, environ 300 personnes y vivaient dans des caravanes ou des cabanes de fortune. Certains étaient arrivés il y a plusieurs mois, d’autres il y a plusieurs années. « 165 personnes ont été emmenées dans le gymnase de Lalande. La mairie a pris en charge 117 ressortissants de l’Union européenne, en majorité des Roms de Bulgarie ou de Roumanie, et des logements leur ont été attribués », explique Daniel Rougé, adjoint au maire chargé des affaires sociales, de la solidarité et de la santé publique. Une quarantaine de personnes non originaires de l’UE ont été prises en charge par les services de l’État pour étudier leur situation. Mais le jour de l’évacuation, des habitants de Ginestous avaient déjà plié bagage, pour la plupart des Serbes et des Albanais ne pouvant bénéficier d’un asile politique et se trouvant sans solution. Enfin, une centaine de gens du voyage ont refusé une proposition de relogement sur une aire d’accueil et ont repris la route.
« Ici, c’est propre, on peut se laver. Au camp, la vie était impossible ! »
Pour les ressortissants de l’UE, le parcours d’insertion a commencé. « Ils sont dans des logements temporaires qu’ils partagent souvent à deux familles et pour lesquels ils versent une participation symbolique », poursuit Daniel Rougé. « Il s’agit d’appartements appartenant à la mairie ou aux 13 bailleurs sociaux. Ils sont dispersés dans tout Toulouse afin de leur permettre de s’insérer. » Pendant 6 à 18 mois, ces anciens habitants de Ginestous vont être accompagnés par les associations Soliha et France Horizon. « Pour le moment, nous avons établi le contact avec les familles et fait un état des lieux du niveau de langue. Nous allons leur donner des clés pour bien vivre dans leurs logements et avec leurs voisins. La vie dans un immeuble est nouvelle pour eux et souvent difficile. Ils ont également pour obligation de scolariser leurs enfants et d’apprendre le français », explique Gaëtan Cognard, directeur de France Horizon Occitanie. Pour Daniel, Rom de Roumanie hébergé dans le quartier Fontaine-Lestang avec sa femme et son fils, c’est le soulagement. « Bien sûr, j’espère avoir bientôt mon logement à moi si je trouve un travail ! Ce n’est pas évident de partager un appartement avec des gens qu’on ne connaît pas. Mais ici, c’est propre, on peut se laver. Au camp, la vie était impossible ! », confie-t-il dans un français hésitant et appliqué. Selon les personnes, le parcours d’insertion connaît plus ou moins de réussite. « Pour certains, le nouveau mode de vie et la langue sont des freins trop importants. Mais, en général, l’insertion se passe bien et ils arrivent à trouver un emploi », constate Émilie Cotel, coordinatrice sociale à France Horizon, qui a déjà accompagné des Roms du camp de Montaudran. Depuis 2015, 931 personnes ont été évacuées des camps illégaux à Toulouse, 650 ont été hébergées par la mairie. « Dans notre dispositif d’insertion, on compte seulement 15 % des personnes qui repartent dans leur pays d’origine et 10 % qui n’arrivent pas à s’adapter », confirme Daniel Rougé.
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