La protection des zones de captage d’eau potable est un enjeu majeur pour préserver la qualité de la ressource, avant les coûteux traitements de dépollution. Yann Oudard, directeur adjoint du Syndicat mixte de l’eau et de l’assainissement (SMEA) Réseau 31, détaille les différentes actions qui peuvent être mises en place selon les territoires.
« En France, nous maîtrisons la fabrication de l’eau potable. Mais par le biais de traitements très coûteux et non sans conséquences sur le plan écologique. Le contexte de crise budgétaire nous oblige à être plus intelligents et à concentrer nos efforts sur la préservation de la ressource », prévient Yann Oudard, directeur adjoint du Syndicat mixte d’eau et de l’assainissement (SMEA) Réseau 31. Comme tous les acteurs publics de l’eau, la collectivité a ainsi impulsé une démarche d’animation de protection des zones de captage.
Ces aires délimitées et réglementées sont destinées au réapprovisionnement naturel des endroits où l’on pompe l’eau du robinet. En 2009, suite au Grenelle de l’environnement, une liste de 500 captages à traiter de façon prioritaire a été publiée. Depuis, leur nombre ne cesse de grimper et devrait atteindre le millier d’ici 2021. « Ces zones sont décidées par arrêtés préfectoraux et se divisent en trois périmètres de protection avec des exigences propres à chacun, qui peuvent aller jusqu’à l’interdiction stricte d’accès », précise Yann Oudard.
Réseau 31 exploite par exemple plus de 150 captages, en grande majorité en zone de montagne et de piémont mais aussi en plaine toulousaine, dont celui de l’usine de Vieille-Toulouse, sur la Garonne, qui alimente 45 000 habitants. « Selon que le captage se situe en territoire de montagne, en forêt ou à proximité d’un élevage, les problématiques sont différentes. Dans ces derniers, nous devons surtout faire face à des risques bactériologiques tandis qu’en plaine, c’est la gestion des intrants liés à l’agriculture qui pose souci. Mais dans tous les cas, c’est la cohabitation et la négociation avec les acteurs concernés qui doit primer », explique Yann Oudard.
Chaque bassin est ainsi traité au cas par cas pour mettre en œuvre les actions appropriées : déplacement d’un chemin de randonnée ou d’un abreuvoir afin d’éviter que le piétinement des animaux sur le sol ne favorise l’infiltration d’excréments, accord avec les entreprises du bois pour que leur activité ne détériore pas l’écosystème, etc.
Dans les secteurs de plaine, la protection peut passer par l’interdiction de l’utilisation de pesticides, voire, en théorie, par l’acquisition des terres agricoles du bassin hydrographique. « Dans les faits, ce sont souvent des doses maximums à ne pas dépasser qui sont mises en place mais nous retrouvons encore dans l’eau des produits pourtant proscrits à la vente. Dans certaines zones, on peut aussi interdire l’irrigation et imposer de fait des cultures d’hiver mais qui ne seront pas forcément adaptées au territoire. C’est un sujet extrêmement délicat et chronophage », confie le directeur adjoint de Réseau 31.
Pour ce dernier, seul un travail de longue haleine permettra de convaincre les pollueurs d’amender leurs pratiques : « Il y a également dans notre mission un fort enjeu de communication. La population ne sait pas toujours d’où vient l’eau qu’elle consomme. C’est en améliorant l’information que l’on parviendra à faire prendre conscience que l’eau appartient à tout le monde et qu’il faut la protéger. »
Spécialiste des domaines de l’eau potable, de l’assainissement et de l’irrigation, Yann Oudard est directeur adjoint du Syndicat mixte de l’eau et de l’assainissement (SMEA) Réseau 31.
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