Situé entre les avenues de Castres et Raymond-Naves, à l’Est de Toulouse, le quartier de Moscou n’a rien d’une ancienne cité ouvrière communiste. L’origine de son nom reste mystérieuse et divise les historiens de la Ville rose…
Au sommet de la colline du Calvinet, entre les avenues de Castres et Raymond-Naves, difficile de croire qu’on est en plein Moscou. L’origine du nom de ce quartier de Toulouse est incertaine… Car, ici, point d’inscription en cyrillique. Pas une seule Chapka à l’horizon. « Nous ne sommes pas vraiment dans une cité ouvrière à tendance communiste. Au contraire, il s’agit d’une zone pavillonnaire, plutôt chic et favorisée, avec ses nombreuses écoles privées et ses cadres de catégories sociales supérieures », confirme Thierry Jouclas, qui y habite et préside l’association des quartiers Bonhoure-Guilheméry-Moscou.
Pour percer le mystère du patronyme, il faut se plonger dans la littérature de la Ville rose. Les historiens avancent deux explications. D’abord celle d’un souvenir de la bataille du 10 avril 1814, qui vit s’affronter l’armée française de Soult, et celle, anglo-hispano-portugaise, de Wellington. Un petit fort, une redoute, avait alors été construit à peu près à l’emplacement de l’actuel château d’eau du quartier, pour résister à l’assaillant. « Pourquoi ne pas imaginer qu’un ancien soldat de la Grande Armée napoléonienne se soit installé dans cette redoute ? Il aurait raconté à tout venant sa campagne de Russie, notamment à Moscou, d’où l’attribution de ce surnom pour le quartier qui y fut construit », proposait Alain Le Pestipon, auteur d’une Géographie de Toulouse.
L’autre hypothèse est plus terre à terre : « Autrefois, dans ce coin de campagne, paissaient de nombreux troupeaux et certains Toulousains venaient même y vider leurs “bedoucettes”. Il y avait donc beaucoup de mouches, de “moscos” en patois languedocien, d’où le nom du quartier, Moscou », d’après Georges Soubeille, ancien vice-président de l’association des Toulousains de Toulouse. « Il serait intéressant que les habitants puissent découvrir ces différentes versions. On pourrait par exemple les raconter sur des panneaux d’affichage dans la rue », suggère Thierry Jouclas. Il regrette d’ailleurs que Moscou soit de moins en moins employé pour nommer le quartier. Il y a belle lurette en effet que les agents immobiliers le situe dans la Côte Pavée, plus vendeuse. « Moscou ne figure même plus, depuis deux ou trois mandats municipaux, dans la dénomination de la mairie du secteur… Quand un nom disparaît ainsi, c’est un peu de notre histoire qu’on oublie », prévient Thierry Jouclas.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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