NON C’EST NON ! – Sifflets, regards insistants, insultes… Quelle femme n’a jamais subi de comportements déplacés dans la rue ? Ce phénomène banalisé peut aller jusqu’à influencer leurs habitudes. Certaines ont choisi de se mobiliser pour dénoncer ces agissements pervers, comme Anouk Martin, membre de l’association “Stop harcèlement de rue”.
«Pas une semaine ne passait sans que je n’ai à faire à des réflexions déplacées ou à des dragueurs plutôt insistants», se souvient Anouk Martin, ajoutant : «Toutes mes amies y ont eu droit aussi !» Des agissements que cette Parisienne, récemment installée à Toulouse, juge oppressants quand ils sont récurrents. À 44 ans, «je ne suis plus tellement embêtée mais je m’aperçois qu’autour de moi, les choses ne changent pas.»
Tout commence par des remarques sexistes qui sont «le pur produit des stéréotypes que nous avons engrangés depuis tout petit, les filles comme les garçons. Nos horizons sont ainsi limités et délimités, comme prédéfinis.» Pour Anouk Martin, psychologue de formation, c’est là que tout se joue. En recoupant les témoignages de femmes qu’elle suit en consultation, elle estime que l’éducation reçue participe à la banalisation des problèmes de harcèlement de rue, tant chez les femmes que chez les hommes.
Mais elle finit par se sentir impuissante face à cette problématique. «J’ai alors cherché une association dans laquelle je pouvais lutter pour le droit des femmes tout en m’épanouissant, et j’ai trouvé Stop harcèlement de rue», précise-t-elle. Depuis un an et demi, Anouk Martin s’investit pleinement pour «expliquer aux femmes que ce qu’elles subissent n’est pas normal, et qu’elles doivent porter plainte», mais aussi pour «faire comprendre aux hommes qu’il existe une différence entre la drague et le harcèlement.»
Elle profite d’une envie de rompre avec sa vie parisienne pour changer également d’horizon professionnel. En descendant dans la région toulousaine, elle souhaite s’investir et surtout agir pour cette cause qui lui tient désormais à cœur. Pas question donc de reprendre ses consultations, c’est à l’université Jean-Jaurès qu’elle se retrouve : «Je passe actuellement un Master 2 “Genre égalité et politiques sociales”.» En revanche, Anouk Martin renoue rapidement avec l’antenne toulousaine de Stop harcèlement de rue.
Avec eux, elle organise des Chalk walk, ou Marche à la craie, durant lesquelles elle retranscrit sur le sol des témoignages de femmes ayant été harcelées. «Les passants s’arrêtent, discutent, se sentent un peu plus concernés quand ils se rendent compte qu’ils ont forcément été témoins passifs ou victimes. C’est une petite victoire !» lance-t-elle. C’est justement quand elle occupe l’espace public pour sensibiliser la population qu’elle mesure à quel point ce dernier n’est pas adapté à tout le monde : «On tolère que les femmes tracent d’un point à un autre mais pas qu’elles flânent. Nombre d’entre elles, en attendant sur le trottoir, se sont vu demander combien elles prenaient… C’est inacceptable !»
Le recul, voire la disparition, du phénomène passerait par l’éducation et les interventions dans les écoles, ce que fait l’association. «Le but étant de déclencher une prise de conscience globale, dès le plus jeune âge car c’est là que les filles et les garçons peuvent en intégrer la gravité», précise-t-elle, ajoutant qu’il est aussi nécessaire «de former les professionnels comme les policiers, à recevoir les plaintes.» Car pour elle, «il ne s’agit pas d’un simple désagrément mais de réelles incivilités, voire d’agressions répréhensibles.»
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