Jeudi 14 avril, les délégués FO Police municipale ont annoncé un préavis de grève à l’échelle locale et nationale. Une grève qui commence cette semaine, dans un contexte de tensions et de contestations un peu partout sur le sol français, et à deux mois du Championnat d’Europe de football.
Par Antoine Vergnaud
« Il faut bien préciser que notre grève est une démarche 100% professionnelle et non politique », insiste Nicolas Romero, officier de police municipale depuis 10 ans à Toulouse et délégué FO-PM. Cette démarche a été initiée dès jeudi soir dernier lors d’une simulation d’attentat sur la fan zone des allées Jules Guesde, alors que « certains de nos collègues de nuit ont commencé leur service à minuit, avec deux heures de retard », continue le gardien de la paix.
Plusieurs revendications motivent les grévistes : modification des congés, armement interne insuffisant, plans de carrière un peu flous, conditions de travail et sécurité, formation des nouveaux policiers municipaux…« Les policiers municipaux ne sont pas de la chair à canon pour terroriste, le monde des footballeurs milliardaires se passera des agents municipaux smicards; nous demandons depuis des années des moyens », clame le syndicat Force Ouvrière, mettant en cause les embauches de policiers municipaux qui ne sont pas assez formés lorsqu’ils arrivent sur le terrain.
Suite « à l’annonce des modifications des congés, 280 policiers municipaux se sont mis en grève et réfléchissent actuellement à la mise en place d’un dispositif en corrélation avec le préavis de grève », indique Nicolas Romero. Pour l’instant, pas de manifestations, l’heure en est à la communication. Le délégué syndical assure que « les policiers municipaux privilégient le dialogue, mais que dans l’absence de garanties nécessaires, le mouvement de grève se prolongera, ou pas, en fonction de la réaction des élus ». C’est a priori jusqu’à fin juin, en plein milieu de l’EURO 2016 organisé en France, que durera le préavis de grève. « On veut sensibiliser l’administration à avoir une meilleure réactivité », résume le policier.
« C’est la sécurité de tous qui est en jeu, pas celle des footballeurs milliardaires », plaide Henri de Lagoutine, conseiller municipal délégué au personnel. S’il admet volontiers vouloir « balayer l’ensemble des revendications et se mettre d’accord une fois pour toutes », il ne croit pas à un mouvement de grève significatif. « Les policiers municipaux ne voudront pas saborder leur statut », indique-t-il. En ce qui concerne les revendications locales, « on s’est déjà vus », indique l’élu tout en faisant quelques rappels : « les policiers municipaux protestent contre une suppression de 6 jours de congés, or c’est totalement faux, c’est d’ailleurs totalement impossible ». Et pour ce qui est des formations, le conseiller municipal de rappeler « qu’elle est longue, car plus lourde que le minimum requis. On parle ici du fait de porter une arme, ce n’est pas rien. Et les policiers municipaux sont armés à Toulouse, ce qui n’est pas forcément le cas ailleurs en France » (les policiers municipaux sont armés depuis 2014, NDLR). Quoi qu’il en soit, il comprend les craintes et le stress des agents de police face à la menace terroriste, mais indique que « les missions ne sont pas toutes de la même importance, et les policiers municipaux seront amenés à travailler avec d’autres organismes de sécurité ». Le RAID de Bordeaux, par exemple, était présent lors de l’exercice de simulation d’attentat jeudi dernier. « Il va y avoir une montée en puissance significative des permis de port d’arme, et il y a une possibilité de groupes mixtes lors des missions importantes, avec des policiers armés et d’autres non. »
Pas sûr que cela rassure les policiers municipaux. Toutefois, Henri de Lagoutine a confiance « dans le sens des responsabilités des policiers municipaux, dans un contexte national de contestation globale et notamment sur la loi El Khomri ».
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