Aujourd’hui, mercredi 15 septembre, s’applique l’obligation vaccinale contre la Covid-19 pour les soignants et personnels hospitaliers, mais au CHU de Toulouse, la mesure semble plus difficile à appliquer que prévu.
Depuis minuit, ce mercredi 15 septembre, les agents hospitaliers doivent justifier d’avoir reçu au moins une dose d’un vaccin contre la Covid-19. L’intégralité du parcours de vaccination devant être présenté d’ici le 15 octobre. Sans ce sésame, les salariés de l’hôpital ne pourront pas prendre leur poste et seront immédiatement suspendus, sans rémunération. En tout cas, c’est ce que prévoit la loi du 5 août.
Car dans les faits, l’obligation vaccinale semble plus difficile à mettre en pratique. « Plusieurs agents non-vaccinés ont pu prendre leur poste ce matin, tout à fait normalement. Ils n’ont pas été contrôlés », affirme Julien Terrié, secrétaire CGT au CHU de Toulouse. Les syndicats ont même pensé à un acte de désobéissance civile de leur employeur : « Pour la continuité des soins, cela aurait été louable », regrette-t-on à la CGT.
Mais la direction réfute : « Le contrôle ne se fait pas à l’entrée comme pour les patients, mais à l’aide d’un planning digitalisé. Il me semble donc difficile d’y échapper », explique Anne Ferrer, directrice adjointe du CHU de Toulouse. Aujourd’hui, 132 agents n’ayant pas fourni de certificat pour une première dose de vaccin y apparaissent en rouge afin que leur cadre les intercepte. Certains communiquent le justificatif au dernier moment, à leur prise de service. Les autres sont suspendus, comme le prévoit la loi. « Ce matin, 8 agents ont été suspendus ou ont démissionné », affirme la direction.
« 132 agents non-vaccinés ? » « Un chiffre minimisé », dénonce Julien Terrié. La direction communique en effet, « un taux de vaccination du personnel porté à 96 % ce 15 septembre » sur les 16 000 agents que compte le centre hospitalier. Cela signifie que 4 % ne sont pas vaccinés. Ce qui équivaut à plus de 600 personnes. Alors qui sont ces quelques 400 agents manquants ?
Pour la direction, il s’agit des salariés en congés longue maladie, « qui se multiplient ces derniers temps », ou en congés maternité qui ne sont pas encore dans l’obligation de fournir un certificat vaccinal, ou des médecins libéraux. « Ils nous communiqueront leur justificatif à leur retour », espère Anne Ferrer. Mais « rien ne permet d’affirmer que ces derniers seront vaccinés », comme le souligne Julien Terrié.
Dans la région, « l’ARS Occitanie estime à 2 % le nombre d’agents susceptibles d’être suspendus pour non-vaccination au terme de la procédure, le 15 octobre. Cela représente 300 personnes au CHU de Toulouse. Comment l’hôpital peut-il garantir la continuité des soins, qui est aussi l’une de ses obligations, avec 300 salariés de moins ? » s’interroge le syndicaliste. Selon lui, les établissements de santé s’exposent, en ces temps déjà difficile, à une nouvelle crise sanitaire due au manque d’effectif, qu’il aura lui-même généré.
Une préoccupation balayée par la direction, qui estime d’abord que « les agents non-vaccinés au terme de la procédure représenteront moins de 1 % du personnel du CHU ». D’autre part, le centre hospitalier précise que « tous les agents ne sont pas des soignants ». La directrice adjointe différencie les employés chargés de l’administration ou de la logistique, de ceux qui possèdent une expertise particulière. « Il ne sera pas difficile de remplacer une secrétaire administrative à la différence d’une infirmière de bloc », explique Anne Ferrer. Mais le CHU l’assure, « les recrutements sont d’ores et déjà lancés et un pool de remplaçants se tient prêt pour pallier les suspensions ».
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