Parler du décès d’un proche aux enfants est un moment redouté. Selon la psychologue Lydia Vasquez, ces derniers ont pourtant une capacité à surmonter la mort plus importante que les adultes.
« Les enfants ont un rapport à la mort beaucoup plus simple que les adultes, contrairement à ce que l’on peut penser », selon la psychologue clinicienne Lydia Vasquez. Elle l’explique par « leur faculté à se situer dans le présent et dans l’immédiateté. Les adultes, eux, se placent davantage dans un rapport au passé ou au futur qui les angoisse. Ils se projettent et ne voient que ce qu’ils ne pourront plus faire avec la personne décédée. Et cela change tout. »
En revanche, elle met en garde sur un comportement néfaste envers les plus jeunes : le fait de leur cacher la vérité. « Souvent, quand j’accompagne des patients qui vont perdre un proche des suites d’une maladie, ils se demandent s’ils doivent parler de la mort aux enfants. Je ne leur dis pas de leur en parler directement, mais de les impliquer dans le cheminement et dans le combat pour la vie. Leur expliquer les différents rendez-vous et les examens pour ne pas créer un choc », détaille-t-elle. En effet, en grandissant, les enfants peuvent traiter l’information autrement, en fonction de la manière dont ils ont appris les choses et de ce qui leur a été caché. « Apprendre à l’âge de sept ans ou de vingt ans qu’un parent s’est suicidé est très différent », insiste-t-elle.
De manière générale, après le décès d’un proche, un patient, adulte comme enfant, est confronté à trois phases. D’abord la sidération qui suit la nouvelle de la mort. C’est une période sensible durant laquelle il est important de verbaliser sa peine pour ne pas laisser s’installer un traumatisme. La bienveillance est de mise quand vient l’heure d’annoncer la disparition d’un individu. La psychologue note ainsi que « souvent, ce qui choque les gens, ce n’est pas tellement la mort, mais plutôt la façon dont le décès a été annoncé. »
Viens ensuite un moment de dépression qui n’est pas forcément pathologique. « Cette phase est nécessaire pour faire le deuil. Nous évoluons dans une société où il nous est demandé d’être performant, où l’émotion, le fait de pleurer, le sentiment de tristesse, l’absence de motivation, sont perçus de façon négative. On ne s’autorise donc pas à les exprimer. Or, dans une période de deuil, nous passons par la souffrance. Souvent, les gens pensent que faire le deuil signifie oublier mais pas du tout. Cela consiste justement à passer par la peine », estime Lydia Vasquez. Après tout, “deuil”, vient du latin “dolus” qui signifie “souffrance”. Ce laps de temps, n’a pas de durée idéale, « mais nous parlons de deuil pathologique à partir du moment où la personne commence à s’autodétruire », note Lydia Vasquez.
C’est cette douleur qui permet le cheminement vers une dernière phase : la reconstruction. Durant cette période, il est important que le proche disparu continue de vivre dans les mémoires. En effet, mourir ne signifie pas disparaître, selon la psychologue : « On peut faire exister l’autre par une photo ou encore par la transmission d’un souvenir, en parlant d’un plat ou d’un événement par exemple », conclut-elle.
Bryan Faham
Psychologue clinicienne, elle est spécialiste de l’interculturalité à Toulouse. Elle exerce aussi en tant que psychothérapeute de couple et de famille en systémie, c’est-à-dire en prenant en compte le symptôme du patient dans le contexte familial.
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