Après quatre mois passés dans la rue, l’avenir de Luc s’éclaircit. En grande partie grâce aux mains tendues du Secours catholique qu’il a su saisir, mais aussi grâce à une détermination sans failles.
À 48 ans, Luc se trouve dans une situation qu’il n’aurait jamais imaginée. « Du jour au lendemain, je suis devenu un sans-abri », confie-t-il, tout en vapotant. « Et je suis passé à la cigarette électronique pour faire des économies », justifie-t-il en la tendant tel un totem. Car sa seule obsession désormais est de réduire ses dépenses et mettre de l’argent de côté : « Pour réaliser le projet professionnel que j’ai en tête, j’ai besoin d’un capital de départ. Et c’est aujourd’hui mon unique but », explique Luc, déterminé. S’il ne souhaite pas dévoiler son dessein, celui-ci occupe toutes ses pensées.
Titulaire d’une maîtrise en économie, il a travaillé dans la grande distribution pendant 15 ans. « Il ne s’agissait que d’un job d’appoint pour payer mes études. J’y suis finalement resté et j’y ai évolué », se souvient-il. Jusqu’à ce que son entreprise mette la clé sous la porte et lui propose un reclassement qu’il n’a pu accepter pour raison géographique. « J’ai donc été licencié économique. Je me suis dit qu’il fallait y voir un signe », lance Luc. Il décide de changer de vie et de réaliser le projet professionnel qui le passionne depuis si longtemps.
Mais tout ne se passe pas comme prévu. Luc, au chômage, arrive en fin de droit. Ne pouvant plus payer son loyer, ce Perpignanais rejoint sa sœur à Toulouse, espérant un hébergement temporaire. « Mais j’ai trouvé porte close. Elle n’a pas souhaité me soutenir », précise-t-il.
Arrivé dans une ville inconnue, Luc passe une première nuit dans la rue. Puis une seconde, une troisième, et ainsi de suite durant quatre mois. « Je rêve », a-t-il pensé. « Qu’est-ce que j’ai pu rater pour me retrouver là ? » Seul, muni d’une valise, il s’installe devant les locaux administratifs du parc des expositions, sur l’île du Ramier. Il commence à fréquenter le restaurant social à quelques pas de là, et rejoint l’accueil de jour du Secours catholique, place Arnaud-Bernard.
« J’y ai d’abord obtenu une écoute et des conseils pour subsister », se remémore Luc. Il y mange, y trouve de la compagnie, des vêtements, un duvet… Et passe le reste de son temps à visiter Toulouse : « L’été, ce n’est pas si dur car il est toujours possible de se nourrir, de se doucher. Et dormir dehors est moins contraignant », constate Luc, se jugeant chanceux. Mais il a décidé de prendre les choses du bon côté : « Ma vie d’avant ne me convenait pas et j’ai l’opportunité de tout recommencer à zéro », confesse-t-il avec le sourire, poursuivant : « Le sourire est important car il attire les ondes positives. J’ai choisi de voir le verre à moitié plein. »
« Enfin un salaire pour mettre de côté et poursuivre mon objectif »
Il multiplie les connaissances au sein du centre d’accueil du Secours catholique et se porte même bénévole. Là-bas, son honnêteté et son envie de s’investir dans son nouveau projet professionnel lui assurent une bonne réputation. On lui propose alors un hébergement social et un emploi dans une entreprise de réinsertion qu’il débutera dans 15 jours. « Enfin un salaire pour mettre de côté et poursuivre mon objectif », se réjouit-il.
Une impasse qui vient de se transformer en chemin sur lequel Luc avance, à pas lents mais confiants : « Dès que je pourrai lancer mon affaire, je serai sorti de tout cela. Je reconstruirai une vie, celle que j’ai choisie. » Il a même une petite amie depuis peu. Les premiers jours du reste de son existence.
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