Expéditeur : Grégory Martin est le secrétaire général de la CFDT (Confédération française démocratique du travail) Midi-Pyrénées et depuis juin 2014, à la direction nationale du syndicat. Pour lui, le rôle des syndicats est primordial et passe avant tout par le dialogue entre entreprises et salariés. Dernièrement, c’est sur le cas du dépôt de bilan de Fram qu’il s’est penché.
Mes bien chères plages, mon beau soleil de Méditerranée, ma kamounia, mes mezzés, des milliers de touristes de France ne découvriront bientôt plus tous vos trésors en arborant le logo rouge de FRAM avec son petit palmier blanc, emblème du Tour Opérator populaire né à Toulouse dans les années 50.
En effet, les 650 salarié.e.s de FRAM TO, ceux de FRAM Agences, mais aussi ceux de la filiale Plein vent, ont appris le 29 octobre que les Voyages FRAM se déclaraient en cessation de paiement et que le bilan serait déposé au tribunal de commerce. Bien sûr, un administrateur est nommé pour accompagner ce drame, les voyageurs qui sont assurés ne subiront doncpas de conséquences, et les salarié.e.s devraient voir leur salaire d’octobre versé. Mais les conséquences sur l’Emploi vont être terribles.
Il était possible de faire différemment pour sauver l’Emploi.
Bien sûr, le syndicat patronal de la branche annonce une baisse de l’activité de distribution de voyages en direction du Maroc, de la Tunisie et de la Turquie depuis 2 ans.
C’est vrai, l’exécution du guide français en Algérie en septembre 2014, les attentats en Tunisie, la Syrie, ont impacté l’activité de distribution de voyages. Le plus gros manque à gagner est celui lié aux réservations de dernière minute.
Mais cela n’explique pas tout, loin s’en faut.
Depuis des années, les deux actionnaires majoritaires, Georges Colson et Marie-Christine Chaubet, frère et sœur, qui n’ont même pas dénié participer au dernier CCE, se chamaillent l’héritage du père fondateur de l’entreprise. Cette situation a mis de côté les nécessaires ajustements stratégiques de l’entreprise dans un monde instable et un secteur en profonde mutation depuis l’émergence du net.
FRAM n’a donc pas anticipé, diversifié son offre, continuant sur la stratégie d’origine d’investir massivement sur les bords de la Mer bleue, pendant que d’autres, Club Med en tête, s’installaient en Asie ou en Amérique du Sud.
Quand la région est devenue si instable, FRAM n’avait pas de plan B, et les chamailleries prenaient encore le pas sur la santé de l’entreprise et l’avenir des salarié.e.s.
Pire. Depuis des années, le dialogue social dans l’entreprise est systématiquement bafoué, contourné. Les droits d’alerte, les rapports des experts convoqués par le CE n’ont été suivis d’aucun effet.
Les actionnaires ont sciemment orchestré le muselage des salarié.e.s, leur demandant le silence contre la promesse d’un hypothétique repreneur.
Ainsi gérée, l’entreprise ne pouvait aller que droit dans le mur.
Tu comprends, beau soleil de Méditerranée, qu’il est trop simple de justifier ce gâchis social par les simples événements qui agitent dramatiquement ton quotidien.
Des dirigeants sont directement responsables de cette catastrophe.
Alors maintenant, que va faire la CFDT ?
Se battre pour l’Emploi dans le cadre d’un PSE à la hauteur des compétences des salarié.e.s. Négocier avec le repreneur potentiel, Karavel – Promovacances ou d’autres, les conditions de la reprise avec le plus d’emplois préservés possible.
Nous ferons tout pour vous revoir bientôt. Prenez soin de vous et de tous vos trésors.
« Les actionnaires ont sciemment orchestré le muselage des salarié.e.s »
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