1 364 vols en cœur de nuit ont été enregistrés pendant la saison estivale à l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Un chiffre en augmentation qui désole les riverains. Pour concilier le trafic et la tranquillité des Toulousains, des solutions existent selon le Collectif contre les nuisances aériennes.
Le chiffre est tombé le 13 décembre dernier. Selon l’observatoire Cœur de nuit, rassemblant les acteurs concernés par l’activité aéroportuaire de Toulouse, le nombre de vols entre minuit et 6 heures du matin a augmenté lors de la saison estivale. Entre le 1er avril et le 31 octobre, 1 364 avions ont atterri ou décollé de l’aéroport de Toulouse-Blagnac contre 1 146 vols en 2017. Au grand dam des 100 000 habitants impactés par la gêne sonore. « Avec la canicule, il était impossible de ne pas ouvrir les fenêtres la nuit, les riverains ont passé le pire été depuis plus de dix ans avec des records de bruits ! De plus, les vols entre 22h et minuit ont, eux aussi, considérablement augmenté. C’est précisément le moment où les gens vont se coucher », lance Chantal Beer-Demander, représentante du Collectif contre les nuisances aériennes (CCNAAT).
Depuis la mise en place sur son site d’une plate-forme permettant de signaler un avion gênant, il y a 18 mois, le CCNAAT a enregistré plus de 2 000 plaintes de riverains. « Cet été, sur une seule nuit, entre 22h et 6h du matin, nous avons relevé jusqu’à 28 vols ! Nous avons atteint les limites du supportable pour un aéroport situé sur un territoire aussi urbanisé », poursuit Chantal Beer-Demander. De son côté, la société ATB, exploitante du terminal, reconnaît que « la tendance est à la hausse » tout en assurant respecter son « engagement de ne pas dépasser le nombre de vols en cœur de nuit opérés en 2010 ». Elle justifie cette augmentation en évoquant la mise en place d’un nouveau vol vers la Réunion, des vols décalés la nuit en raison de grèves du contrôle aérien de Marseille (de mars à juin) et par la « congestion estivale du trafic dans le sud de l’Europe ».
Réduire le bruit des avions est-il vraiment possible à l’heure où le trafic de l’aéroport ne cesse de progresser (hausse du nombre de passagers de 1,5% en novembre) ? Alain de Meslières, le directeur des opérations d’ATB, assure poursuivre son « objectif de maîtriser le trafic dans le cœur de nuit en discutant avec les compagnies lorsqu’elles élaborent leurs programmes de vols ». Pour les associations de riverains, il faut aller plus loin. Le CCNAAT demande la fermeture nocturne de l’aéroport. Un tel couvre-feu est déjà d’actualité à Orly et à Francfort, où, depuis 2012, les vols sont interdits entre 23h et 5h du matin. « Les avions construits récemment sont de plus en plus gros et de plus en plus bruyants. On tente de limiter la consommation de kérosène et la pollution, mais le bruit reste le parent pauvre. Il faut donc restreindre le trafic », explique Chantal Beer-Demander.
D’autres solutions pourraient être envisagées comme l’optimisation de la seconde piste de l’aéroport de Toulouse, plus éloignée de la zone urbanisée et pourtant sous-utilisée. Enfin, certaines techniques de pilotage au décollage et à l’atterrissage pourraient aussi contribuer à la réduction du bruit. « Aujourd’hui, parmi les collectivités territoriales, seul le Conseil départemental se montre vraiment attentif à la question des nuisances. Pour changer les réflexes et faire du bruit une priorité, nous devons inverser le rapport de force », lance Chantal Beer-Demander.
Maylis Jean-Preau
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