Bénédictions de distributeurs de préservatifs ou exorcismes anti-homophobie… Les sœurs du couvent de la Perpétuelle indulgence se adoptent un costume de religieuses catholiques déjantées pour militer contre les discriminations LGBT.
Le premier couvent des Sœurs de la perpétuelle indulgence, un mouvement LGBT qui fonde son action militante sur le déguisement et un pastiche de la liturgie catholique, a été créé en 1979 à San Francisco. « Tout vient d’une blague de quatre amis gays, les ”fondeuses”, qui ont participé à une manifestation déguisés en nonnes et armés de pistolets à eau. À l’époque, c’était choquant. Mais la communauté s’est félicitée de disposer enfin de religieuses pour s’occuper de nous.
Finalement, si nous avons détourné leur image, c’est parce qu’elles-mêmes se détournaient de nous », explique sœur Rubis Riot, fraîchement ordonnée au sein du couvent des SDF, l’une des communautés françaises dont la mission toulousaine a été provisoirement interrompue faute de vocations. « L’ordre est fondé sur des notions de bienveillance, d’amour et de non-jugement. Quand nous entrons dans un couvent, nous formulons plusieurs vœux. La promotion de la joie multiverselle, l’expiation de la honte et de la culpabilité sous toutes ses formes, des vœux de paix et de dialogue, d’information et de prévention des maladies sexuelles transmissibles ainsi que la lutte pour le droit et le devoir de mémoire », détaille cette sœur, qui a dû patienter plusieurs mois de noviciat avant d’être autorisée à arborer la cornette.
Derrière des mises en scène extravagantes comme des bénédictions de distributeurs de préservatifs et des exorcismes anti-homophobie, les Sœurs de la perpétuelle indulgence et leurs alter ego masculins, les garde-cuisses, remplissent des missions bien sérieuses : récoltes de fonds, commémorations et participation aux événements majeurs de lutte contre les discriminations. « Toute l’année, nous menons des campagnes de sensibilisation. On discute de tout et sans tabous avec les gens. Nous organisons aussi des séjours de ”ressourcement” pour des personnes atteintes du VIH et en grande précarité », confirme la nonne militante, pour qui l’habit assure une fonction de médiation. « L’exubérance de nos costumes et nos personnages trop maquillés, trop brillants et visibles provoquent la rencontre et l’échange », souligne sœur Rubis Riot, dont le personnage reflète le côté revendicatif, punk et rock’n’roll de son créateur.
Nicolas Belaubre
Nicolas Belaubre a fait ses premiers pas de journaliste comme critique de spectacle vivant avant d’écrire, pendant huit ans, dans la rubrique culture du magazine institutionnel ‘’à Toulouse’’. En 2016, il fait le choix de quitter la communication pour se tourner vers la presse. Après avoir été pigiste pour divers titres, il intègre l’équipe du Journal Toulousain, alors hebdomadaire de solution.
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