L’idée de péage urbain a refait surface avec le projet de loi d’orientation des mobilités qui doit être présenté en conseil des ministres en novembre. Une proposition qui ne date pas d’aujourd’hui, et sur laquelle les grandes métropoles se sont déjà positionnées. Pour Toulouse, c’est non.
À l’image de Milan, Stockholm ou Londres, certaines villes européennes disposent de péages urbains depuis plusieurs années. En France, l’idée avait déjà été évoquée dans le cadre du Grenelle de l’environnement en 2007 sans que personne n’ose franchir le cap. Avec la loi d’orientation des mobilités, le gouvernement prévoit de faciliter la création de péages urbains dans les villes de plus de 100 000 habitants. Les collectivités décideront elles-mêmes du périmètre et des créneaux horaires concernés, ainsi que du tarif à appliquer. La somme de 2,5 euros est avancée par le texte, multipliable par deux pour les villes de plus de 500 000 habitants. Le ministère de la Transition écologique et solidaire entend ainsi lutter d’une part contre l’encombrement des axes routiers aux abords des agglomérations, d’autre part contre la pollution engendrée par le trafic automobile sur ces secteurs.
Si la Ville de Paris étudie la question, à Toulouse, les arguments environnementaux ne suffisent pas à convaincre. « Nous y sommes d’abord opposés sur la forme. La ville a une configuration particulière et se pose le problème du contrôle. Il serait bien plus difficile à mettre en place qu’à Paris ou Londres, où les contours sont plus délimités », détaille Jean-Michel Lattes, maire-adjoint chargé des transports à Toulouse. Sur le fond, la municipalité reproche le caractère discriminatoire de la mesure. « C’est le retour à l’octroi du Moyen-âge. Or, le centre-ville n’est pas réservé à ceux qui y habitent », poursuit l’élu.
« Le centre-ville n’est pas réservé à ceux qui y habitent »
Du côté du Conseil de développement Toulouse Métropole (Codev), mêmes objections. « Ces propositions favorisent certes la qualité de l’air, mais sont discriminantes socialement », explique Marie-Christine Jaillet, sa présidente. Pour elle, ce sont les ménages les plus aisés qui pourront se permettre de se rendre en ville. Pour que l’idée de péage urbain soit « juste, il faudrait que le marché immobilier soit accessible en ville, et que ceux qui s’en éloignent le fassent par choix, et non sous la contrainte ».
L’association Deux pieds deux roues, au contraire, est prête à encourager la mesure : « Elle peut être salutaire, même si elle ne sera pas populaire. Nous parlons plutôt de ‘’contribution routière urbaine’’, qui pourrait être utilisée pour financer les aménagements cyclables et piétons », estime Guillaume Crouau, le président. Quant à l’argument du caractère discriminant du dispositif, Guillaume Crouau rétorque : « Personne ne trouve que le prix d’un ticket de métro, 1,70 euros, exclut les classes les plus populaires. Or, c’est le montant de la contribution que nous souhaiterions voir installée. »
Si la question est tranchée à Toulouse, l’idée d’un péage ‘’inversé’’ ou ‘’positif’’ n’est en revanche pas écartée. Celui-ci récompense les automobilistes prêts à aménager leur trajet en évitant les heures de pointe. « C’est à l’étude », confirme Jean-Michel Lattes.
Claire Villard
La rédaction
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