Groin Groin. Du Virgin Megastore en 2011 aux jardins particuliers saccagés, les razzias de sangliers se multiplient à Toulouse. Est-ce une tentative d’invasion porcine ? Le Journal Toulousain sabote leur plan.
Par Brice Bacquet
« Le 10 février, je travaillais tranquillement dans ma boutique quand, tout à coup, j’ai vu débouler du parking un sanglier qui est venu s’écraser sur la porte vitrée », raconte Jean-Claude Gomes, gérant d’Optique Gratentour, contacté par téléphone.
L’animal, complètement déboussolé par l’impact, s’engouffre alors dans le magasin. « J’étais surpris, mais j’ai eu le réflexe de récupérer mon smartphone pour filmer la scène », poursuit l’opticien.
La suite, beaucoup la connaisse grâce à une vidéo de deux minutes publiée le lendemain sur les réseaux sociaux. La bête se heurte aux murs avant de terminer sa course à l’extérieur. « C’était malheureux parce qu’il se prenait les vitrines, au lieu de ressortir par la porte encore ouverte », se souvient le témoin.
C’était une première pour l’opticien. À Gratentour, apercevoir un sanglier n’est pas chose commune. Sa boutique se situe près d’axes routiers et il n’y aurait aucun bois aux alentours. Pourquoi l’animal était-il là ? Est-ce le début d’une grande invasion ?
Jean-Claude Gomes tente une explication : «Il fuyait peut-être une battue ou la destruction de son habitat par un quelconque chantier. »
Au-delà de l’épisode de Gratentour, ce phénomène toucherait plusieurs régions françaises. Dans les années 1980, Bruno Cargneluttiet une équipe de scientifiques de l’Institut national de la recherche agronomique s’étaient déjà penchés sur le sujet. « Il y avait une forte population de sanglier du côté de Vieille-Toulouse, Goyrans, aux bords de la Garonne et sur son confluent avec l’Ariège », explique le membre du laboratoire Comportement et Écologie de la Faune Sauve. «Il faut savoir que c’est une espèce qui vit en forêt », poursuit-il, mais « ces animaux sont souples et parfaitement capables de s’adapter à un environnement peu forestier voire pas du tout tant qu’ils ne sont pas dérangés par des promeneurs ou des chiens. »
Le spécialiste voit un lien entre la mise en friche du site d’AZF et leur présence autour de Toulouse. « Il est certain qu’avec la disparition de l’usine, de nouveaux secteurs de quiétude pour les sanglierssont peu à peu apparus, et cela à quelques pas de la ville », informe-t-il, « ces espaces ont par la suite certainement été colonisés. »
Pourtant, aucune invasion en perspective. Bruno Cargnelutti rassure les lecteurs effrayés : il n’y a pas prolifération inquiétante de sanglier dans la métropole.
Quant à leurs expéditions dans les rues toulousaines, le chercheur avance une hypothèse. « Les incursions d’animaux en centre-ville pourraient être le fait de bêtes poussées par des chiens lors des battues mais ce n’est qu’une supposition. » Et d’ajouter avec un humour certain : « C’est normal qu’ils aillent chez l’opticien, les sangliers n’ont pas une très bonne vue.»
La rédaction
Le Journal toulousain est un média de solutions hebdomadaire régional, édité par la Scop News Medias 3.1 qui, à travers un dossier, développe les actualités et initiatives dans la région toulousaine. Il est le premier hebdomadaire à s'être lancé dans le journalisme de solutions en mars 2017.
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