NUANCIER – De Toulouse, les touristes connaissent souvent les Rouge et Noir de l’équipe de rugby. Ils évoquent facilement le violet de la fleur emblématique. Mais un surnom fait l’unanimité dans l’esprit de tous : la Ville rose. Pourquoi associe-t-on spontanément cette couleur à la capitale du Sud-Ouest ? Le JT a enquêté.
«C’est marqué partout sur Internet, faut vraiment être ignare pour ne pas connaître le surnom de Toulouse », lance Marie, 19 ans, assise face au donjon du Capitole avec Anaïs, une camarade. Quant à savoir pourquoi. « À cause des briques », lâchent-elles de concert. Pourtant, une discussion s’engage. Anaïs désigne un cerisier en fleurs. « Ca c’est rose ! Aucune brique n’a cette couleur. C’est peut-être juste parce qu’ici, on voit la vie en rose. »
Un peu plus loin, un petit groupe d’élèves de CE1 se repose sur un banc. Lila, 7 ans, explique calmement à ses camarades que, tout n’est pas toujours rose : « En fait, les briques changent de couleur selon l’heure de la journée et la météo. Ça peut être rose, orange ou rouge.» La teinte des murs de la Mairie, affadie par la grisaille ambiante, vient appuyer sa démonstration.
C’est bien de la brique que la ville tient son appellation. Céline Laurière, guide-conférencière, confirme à des touristes sceptiques que la réverbération du soleil sur la terre ocre pare Toulouse de teintes rosées : «Je comprends votre désarroi. Dans cette rue, on ne peut pas dire que la ville justifie son surnom», explique-t-elle en désignant les façades beiges de la rue Alsace Lorraine. La faute au baron Haussman, grand architecte de la rénovation de Paris au XIXe siècle, dont les urbanistes toulousains tentèrent d’imiter les pâles façades de calcaire. Pour ce faire, de la craie a été ajoutée à l’argile et la brique blanche était née.
Difficile toutefois d’effacer 2000 ans d’histoire. En l’an 14, les Romains ont fondé la ville sur la brique. Contrairement aux pierres crues, l’argile est abondante dans la région. Une fois cuite, elle donne naissance à un excellent matériau de construction. « Il est commun d’appeler le format de brique utilisé à Toulouse “brique romaine” », explique Laura Kerr Bowler, également guide-conférencière. Aussi nommé brique “foraine”, ce matériau est typique du midi toulousain.
Des rectangles de terre cuite empilés les uns sur les autres pendant des millénaires ont donc ancré la ville dans son rose. « Mais il ne faut pas oublier la tuile ! Quand on arrive à Toulouse, la première chose que l’on voit, c’est une marée de toits roses », précise Laura Kerr Bowler.
Alors Toulouse Ville rose ? Question de point de vue. À quelques kilomètres de là, la préfecture du Tarn, construite de la même brique et frappée par le même soleil, a elle été surnommée : “Albi la rouge”.
La rédaction
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Commentaires
Carillon occitan le 12/12/2024 à 14:34
Au risque de décevoir, cette appellation rappelle en fait les activités que la morale réprouvait à la Belle Epoque. Le peintre Toulouse-Lautrec "montait à Toulouse" pour cela, et prenait rendez-vous sur le bien nommé "Pont des demoiselles".