Président depuis plus de vingt ans, Christophe Salengro exerce sur Groland une « dictature molle » qu’il n’est pas prêt d’abandonner. En exode à Toulouse pour la quatrième édition du Festival International du Film Grolandais, il nous livre cette semaine ses impressions sur l’actualité vu de sa Présipauté… de Groland.
Propos recueillis par Brice Christen
1. Le budget de fonctionnement de l’assemblée nationale
L’assemblée n’existe trop pas à Groland. Il y a quelques conseillers mais comme je suis un dictateur mou, il n’y a aucune assemblée constitutionnelle et encore moins un Sénat, qui de toute façon va disparaître en France. On a des vieux chez nous mais ils ne constituent pas un Sénat, ils ont juste des conseils de vieux plus intéressants que ceux de Sénateurs, je pense. Le budget est entièrement constitué pour la présidence de la Présipauté, donc pour moi en fait, et après chacun se démerde. Mais chez nous il y a pas mal de pots de vin, comme partout en France et ailleurs. Mais dans la Présipauté de Groland ce sont des vrais pots avec du vin. Concernant leurs salaires, (ndlr : 5300€/mois + 9500€ de frais divers) il faudrait que je recalcule par rapport à Canal+ mes émoluments, parce que je touche moins que ça.
2. les migrants : quelles solutions locales ?
Ce qui est bizarre c’est la terminologie : au début on les appelait les migrants, maintenant ce sont les réfugiés… et puis Sarkozy veut que ce soient des réfugiés de guerre… je trouve ça tellement bizarre ! La France et le Groland ont toujours accueilli des gens pour nourrir leur industrie et tout ce qui fait la France. Donc aujourd’hui leur dire que ce n’est pas possible parce que ce sont des étrangers… je trouve ça tellement incroyable ! D’après les fondements de ce qui a fait la France et Groland, si on peut établir un parallèle, c’est tellement con ! S’ils (les dirigeants ndlr) veulent revenir à un truc d’aryen avec des blondasses dont je tairai le nom…c’est tout de même problématique. Ils sont tellement cons que je ne comprends pas.
3. Les journées du patrimoine
Cela tombe en même temps que le festival Groland… Bon ce n’est pas incompatible, il ne faut pas que la France et Groland soient des villes musées. Si ce n’est que pour conserver le patrimoine existant, je trouve ça un peu dommage. De là à détruire les patrimoines comme cela se fait au Moyen-Orient, je suis évidemment contre. Mais je ne pense pas que ce soit incompatible avec Groland. Nous faisons du cinéma, qui est le septième art et eux les arts premiers. Ca fait quatre ans que le festival vient ici et qu’on me dit que je vais faire un discours au balcon du Capitole mais les autorités toulousaines n’ont jamais voulu. J’aurais bien aimé. Et puis je suis architecte de formation, j’aime bien l’architecture et les bâtiments en général mais pas le patrimonial, il faut que ce soit vivant. J’aime bien aussi la place Saint-Sernin, où on fait aussi des concerts. Apparemment votre Maire a décidé de la renommer place Jean-Paul II… je pense que c’est une très mauvaise idée.
4. Le festival Groland
Mon programme est chargé : il faut que je regarde ma feuille de route mais j’ai un bain de foule samedi. Avant ça on commence par une pesée du Président. Je ne pèse pas très lourd mais on va me donner mon poids en oignons, qui viennent d’une région proche de Toulouse. Ensuite je poursuis un parcours dans une baignoire dorée où l’on va me couvrir de billets de banque. Ce ne sont pas les parachutes dorés mais c’est un peu ce thème-là. J’aime les pots-de-vin mais en vrai. Là ce seront de faux billets que l’on versera dans ma baignoire. Mais il y a toute la semaine des projections de films très intéressants. Moi je vais d’interviews en interviews, passer par un bistrot où ils passent des courts métrages et je vais surtout essayer cette année d’aller voir le plus de longs-métrages possible. Mais c’est un vrai festival de cinéma qui permet quand même de rencontrer des gens. On ne fait pas que du pipa-caca et des conneries, quand même.
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