ACCOMPAGNEMENT. Le Conseil départemental a opté en avril dernier pour l’abandon de la prise en charge hôtelière systématique des femmes isolées ayant un enfant de moins de 3 ans. Quelles alternatives sont proposées aujourd’hui à ces mamans en détresse ?
Au mois de novembre, Isabelle*, mère de deux enfants âgés de 8 et 10 ans, s’est retrouvée à la rue. Expulsée de son appartement, elle a été prise en charge par un organisme caritatif. Mais celui-ci a interrompu son aide, la laissant sans logement. « Dans l’urgence du moment, nous n’avons pu lui proposer que quatre sacs de couchage et un coin dans un abri du métro », se souvient Sylvie*, assistante sociale au Conseil Départemental. La faute à un changement du système de prise en charge des mères isolées.
Depuis avril 2016, le Conseil départemental, localement responsable de la protection de l’enfance et de l’aide sociale, a changé son programme d’accompagnement. Jusqu’ici, les services de la collectivité recevaientles femmes ayant des enfants de moins de trois ans, « essentiellement des mères à la rue, sans papiers ou victimes de violences », raconte Sylvie. « Nous leur proposions un hébergement hôtelier en attendant de trouver une solution annexe », poursuit-elle.
Mais depuis un an, cette prise en charge hôtelière n’est plus systématiquement proposée. « Ce n’est pas une solution à long terme. Nous avons donc décidé plutôt de les réorienter vers des associations ou des structures adaptées à leurs besoins, de faire un suivi personnalisé », explique Christine Stébenet, conseillère départementale chargée de l’égalité femme-homme.
Des partenariats privilégiés avec des associations comme l’Apiaf, Olympe de Gouges ou encore L’Entraide protestante ont donc été noués. Les femmes accompagnées de leurs enfants sont aussi régulièrement orientées vers des centres maternels. Neuf familles par mois quittent ainsi l’hôtel pour des prises en charge plus adaptées. Mais là où Christine Stébenet voit « un suivi sur mesure », les travailleurs sociaux du Département soulignent un engorgement des places dans les associations « qui n’ont pas un budget extensible. »
Et si 224 mères avec enfants de moins de trois ans ont été accueillies (au 31 décembre 2016) dans des centres maternels, les critères de prise en charge (problèmes entre la mère et l’enfant) « ne permettent pas de mettre toutes les femmes à l’abri », rappelle Sylvie. «Nous ne laisserons tomber personne », assure pourtant Christine Stébenet, indiquant que, d’ici la fin du mandat, 450 places supplémentaires devront également être créées.
Pour mieux adapter chaque prise en charge, une réflexion collective vient d’être lancée. Arnaud Simion, Conseiller départemental responsable de l’action sociale, a acté un comité technique constitué de l’État, de la ville de Toulouse et du Département. Les services sociaux, eux, en profitent pour soumettre quelques propositions par la voix de Sylvie : « Peut-être faudrait-il penser à augmenter les subventions des associations concernées qui pourraient ouvrir plus de places en leur sein. Nous pourrions même pousser jusqu’à entrevoir la construction d’un établissement d’accueil dédié à ces femmes… »
*Les prénoms ont été changés
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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