Le laboratoire du CNRS ChimÉco a trouvé le moyen de se débarrasser de la pollution aux métaux dans l’eau. Une innovation écologique qui s’inspire de ce que fait la nature, testée depuis le 14 mars dernier à Saint-Laurent-le-Minier, dans le Gard.
« L’eau est le meilleur transporteur de polluants qui existe », pose Claude Grison, directrice de recherche au CNRS à Montpellier. Son laboratoire, ChimÉco, s’inspire directement de ce qui se fait dans la nature pour proposer des solutions de traitement sans impact pour l’environnement. Zinc, fer, cuivre, plomb… L’équipe s’intéresse notamment aux métaux rejetés par les exploitations industrielles ou agricoles qui, « au premier orage, sont lessivés et finissent dans la rivière la plus proche ». « Ensuite, on les retrouve partout », explique l’experte.
En travaillant sur la restauration des sols miniers de Nouvelle-Calédonie, elle a mis la main sur des plantes aquatiques tropicales aux propriétés quasi miraculeuses. En effet, elles ont développé un système racinaire capable d’emprisonner ces métaux, « parce que leur structure chimique ressemble à celle des nutriments dont cette flore a besoin », précise l’écologue. En broyant ces racines, on obtient une poudre végétale qui permet de se passer du spécimen vivant et ainsi d’automatiser le procédé : « Insérée dans de vastes colonnes, cette poudre peut traiter l’eau directement sur un site pollué. »
Brevetée par le CNRS, l’innovation est testée à grande échelle depuis le 14 mars, à Saint-Laurent-le-Minier, dans le Gard, dans les 300 kilomètres de galeries d’une ancienne mine de zinc. Claude Grison espère que sa trouvaille changera les mauvaises habitudes des industriels ou des grands exploitants agricoles qui, pour respecter les réglementations de dépollution, utilisent généralement de la chaux. « Ils génèrent des boues contaminées dont on ne sait que faire. Cela coûte cher et ne fait que déplacer le problème. »
Autre avantage, et non des moindres, la poudre végétale est recyclable : « Alors que les ressources s’effondrent, voilà un réservoir naturel de métaux que nous pouvons récupérer. » Parmi ces denrées rares, on trouve du manganèse ou du palladium, dont le gramme vaut plus cher que celui de l’or.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
Voir les publications de l'auteur
Commentaires