ÉVOLUTION. Si la vente de médicaments sur Internet régule les prix et offre de nouveaux services sécurisés aux pharmacies autorisées, elle suscite des interrogations quant à l’avenir des officines.
Légale depuis 2013 en France, la vente de médicaments en ligne se développe. Mais pas de façon fulgurante. Seules les officines habilitées par les agences régionales de santé (ARS) ont le droit de vendre des médicaments sur Internet. Il s’agit de pharmacies proposant ce service en parallèle de la vente en magasin. Certaines font appel à des plateformes web qui les répertorient et offrent des services numériques annexes.
C’est le cas de la startup Mesoigner, qui fournit aux pharmaciens des outils tels que la messagerie instantanée ou le suivi électronique des dossiers, en plus de la vente en ligne. Bien implantée dans la région bordelaise, elle gagne la Haute-Garonne avec trois pharmacies affiliées. Parmi elles, une officine de Seysses devrait obtenir l’autorisation de vente de médicaments sur Internet dans moins d’un mois, et deux pharmacies toulousaines d’ici six semaines.
Sur Mesoigner comme ailleurs, certains produits sont annoncés à prix coûtant. « Internet est un régulateur de prix qui oblige les officines à s’aligner, explique Philippe Vergnes, pharmacien et coprésident du syndicat des pharmaciens de Haute-Garonne FSPF. « C’est une bonne chose pour le consommateur, jusqu’à un certain point. Préserver le réseau de 22 000 officines en France a un coût. L’un des risques de la vente de médicaments en ligne est de favoriser à terme l’ouverture à la grande distribution. Si on la laissait entrer sur ce marché, notre réseau diminuerait considérablement. Sans compter l’inadéquation avec l’éthique de la profession et l’indépendance du pharmacien ». En jouant sur les habitudes de consommation, les grandes surfaces inciteraient à l’achat de médicaments et pourraient favoriser arbitrairement certains produits plutôt que d’autres.
« Le web n’est pas parfait, certains comportements ne se détectent qu’en face à face »
« Nous ne cherchons pas à faire fuir le patient de l’officine, bien au contraire, assure Amaury de Chalain, concepteur de la startup. « Nous ne sommes pas dans une logique de prix mais de services complémentaires. La plateforme encourage l’échange entre le patient et sa pharmacie de proximité, sans pousser à l’achat ». L’autorisation à la vente en ligne permettrait aussi de renforcer la sûreté des données : « Un site agréé par l’ARS garantit de vrais questionnaires de santé, plus protégés que le fax ou le mail, avance Amaury de Chalain. « Le pharmacien dispose de toutes les informations de suivi du patient. Il peut anticiper les problématiques liées à l’ordonnance ou refuser une commande ».
Selon le coprésident du syndicat, la vente en ligne est une évolution logique pratiquée par de nombreuses pharmacies sur d’autres plateformes. « C’est un gain de temps pour les commandes de médicaments spécifiques, comme les vaccins », précise-t-il.
Les livraisons sur un rayon de 5km proposées par les pharmacies affiliées à la startup ne font cependant pas consensus. « Quand on voit le patient, on garde la main et l’on remplit complètement notre rôle de conseil », estime Philippe Vergnes. « Le web n’est pas parfait, certains comportements ne se détectent qu’en face à face, admet Amaury de Chalain avant d’évoquer l’avantage de la distance physique : « la messagerie instantanée permet de poser des questions intimes sans gêne. »
Lucy Charpie
La rédaction
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