À l’approche de la fin de la première phase de la concertation citoyenne sur l’avenir du site emblématique de La Grave, des collectifs de défense du lieu ont organisé une réunion sur la place des services de soin dans ce grand projet de réhabilitation.
Depuis la validation du permis de construire attribué à Kaufman & Broad pour la réalisation d’un luxueux ensemble immobilier, les associations de riverains se mobilisent contre la “gentrification” du quartier Saint-Cyprien. Une « chasse aux pauvres » qui accompagne cet « exercice de promotion » et que dénonce Mathieu Félix, représentant du personnel au CHU, habitant du quartier et membre du collectif Hôpital La Grave : « L’édification d’un hôtel de luxe est antinomique avec l’histoire de ce lieu de cet hôpital qui existe depuis la fin du douzième siècle. »
Les opposants au projet sont notamment inquiets du sort réservé aux services de santé, dans ce site traditionnellement dédié à l’accueil et aux soins des plus démunis. « Il n’a du sens qu’en centre-ville et ne peut pas être délocalisé en périphérie. Or, peu à peu, la surface hospitalière diminue au profit de la promotion. Malgré le programme de Cité de la santé qui se cantonne aux parties classées de l’ensemble, nous craignons une vente à la découpe du lieu. Le CHU a déjà inscrit dans son projet d’établissement 2019-2022 de céder d’autres parcelles », alerte le militant.
Le bâtiment Notre-Dame de la Porte, où se trouvent actuellement les unités de pédopsychiatrie, serait particulièrement concerné. « La poursuite des services sanitaires du CHU de Toulouse, notamment au cœur de cette cour, permet de conserver la destination hospitalière originelle de ce lieu d’exception. Notre structure a toujours la volonté d’accueillir des activités entièrement ambulatoires, tournées vers la prévention, les soins et la recherche », assure toutefois le CHU sur son site internet qui n’a pas pu, comme la mairie de Toulouse, répondre à notre sollicitation.
« C’est une opération qui est prévue de longue date et qui a été planifiée en catimini », dénonce Mathieu Félix alors que la première phase de la concertation organisée par la municipalité touchera à sa fin début novembre. Une démarche qui reprendra à partir du deuxième trimestre 2020. Les citoyens y sont invités à se prononcer sur le projet de « Cité des arts », mais également sur « d’autres services comme le volet habitat », précisait la mairie en juin dernier.
« Cette consultation n’en est pas vraiment une et arrive beaucoup trop tard. Tout a été décidé, il y a près de 15 ans, par le CHU et la municipalité. La vente et la démolition de l’ancien bâtiment Claudius Régaud ont bien été lancées sans s’inquiéter de l’avis des riverains. De plus, le débat est orienté. On nous parle de réappropriation du lieu alors qu’il appartient déjà aux citoyens. C’est un hôpital public qui va, au contraire, être cédé au privé. S’interroger sur son identité c’est, de fait, tirer un trait sur toute son histoire », déplore Mathieu Félix.
Mise à jour du 8 novembre 2019
De son côté, la mairie de Toulouse nous a précisé que, dans le but “d’éviter à l’avenir le morcellement du site, la Ville de Toulouse et le CHU ont mis en place un protocole d’accord en 2015 visant à définir un projet urbain, culturel et médical partagé et une reconversion progressive du site. Cela a permis la mise à disposition de la ville d’une superficie d’environ 11 000 m² correspondant à la chapelle Saint Joseph (Dôme de la Grave. Cela en vue de son ouverture au public et de l’accueil d’expositions et de manifestations culturelles. Ainsi que d’un espace public qui permet d’assurer une liaison piétonne et paysagée vers le jardin Raymond VI.”
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