Ce Toulousain de 26 ans s’est lancé depuis un an dans une bataille judiciaire contre la SNCF. En déposant plainte, cet étudiant, usager régulier du train et qui ne peut se déplacer qu’en fauteuil roulant électrique, veut alerter sur les discriminations auxquelles il s’estime confronté.
© Franck Alix
Il veut dénoncer le manque d’accessibilité des trains de la SNCF. Kévin Fermine vient de déposer sa seconde plainte pour discrimination contre l’entreprise ferroviaire. Il avait engagé une première procédure, en 2017, devant le tribunal administratif qui s’était déclaré incompétent. « J’ai décidé d’aller devant le tribunal de grande instance et de me constituer partie civile », explique cet étudiant en droit qui manie avec aisance le vocabulaire juridique.
Sa plainte est l’aboutissement d’un ras-le-bol. Le jeune homme ne manque pas d’histoires gênantes, voire humiliantes sur ses voyages. Un trajet en particulier, entre Toulouse et Montpellier, a déclenché sa colère. « Je me suis fait pipi dessus car mon fauteuil ne rentrait pas dans les toilettes. Elles sont dimensionnées pour des fauteuils roulants manuels ». « Il m’arrive aussi d’être placé au milieu du passage et que l’on doive m’enjamber ».
Cloué sur un fauteuil depuis son enfance, le jeune homme dit accepter son handicap, mais souhaiterait pouvoir se déplacer « comme n’importe quel citoyen ». « Or, je dois prévoir mon voyage 48 heures à l’avance et l’organiser via un numéro surtaxé ». Difficile pour lui de se tourner vers d’autres transports. « Je ne peux pas prendre de covoiturage, car il faudrait des véhicules adaptés. Et en avion, je dois payer un siège supplémentaire pour la personne qui va m’assister ».
Le combat de Kévin s’annonce complexe car la SNCF respecte la loi française. « Le problème, ce sont les dérogations sans cesse délivrées par l’État pour reporter les travaux d’accessibilité. La France a été rappelée à l’ordre par l’ONU en octobre dernier. Je suis prêt à aller devant la Cour européenne des droits de l’homme s’il le faut », lance l’étudiant.
En attendant, le jeune homme multiplie les actions. Il a créé le groupe Facebook “Voyageurs mais pas pigeons”, où il recueille les témoignages d’autres personnes en situation de handicap. Étudiant en deuxième année de droit, Kévin Fermine s’interroge encore sur son avenir. Mais il est sûr d’une chose : « J’irai jusqu’au bout. Je ne le fais pas pour moi mais pour faire grandir la société ».
Commentaires