Absentes du calendrier de déconfinement, les discothèques n’ont toujours pas de date de réouverture en ligne de mire. Une situation qui désespère Ivo Danaf, patron de l’Umih 31 et du Purple à Toulouse.
Dans le calendrier de déconfinement présenté par le gouvernement, il n’est toujours pas question des discothèques, quel est votre sentiment ?
Encore une fois, nous sommes les oubliés du déconfinement. Ce n’est pas une surprise, dès qu’il s’agit de parler de réouverture, nous sommes les abandonnés, les négligés. C’est incroyable, nous n’avons aucune perspective, aucun signal de la part du gouvernement. Nous en sommes à nous demander si les discothèques pourront rouvrir un jour. Et si les gens qui dirigent ce pays ont encore envie que les gens s’amusent. La seule chose que l’on nous dit, c’est que l’on nous donnera une date prévisionnelle de réouverture au plus tard le 15 juin. En gros, cela signifie : “vous êtes en train de crever mais on revient vers vous plus tard”.
À ce jour, est-il possible d’estimer le nombre d’établissements qui ont disparu en Haute-Garonne ?
Au niveau national, on peut considérer que 25% des discothèques sont dans une difficulté financière extrêmement préoccupante. Au niveau local, nous n’avons pas beaucoup d’informations plus précises. Du fait des aides allouées par l’État, il est difficile de savoir ce qui va bien ou mal. Si une affaire est saine et qu’elle n’a pas trop de dette, il ne devrait pas y avoir de problème. Nous le saurons à l’ouverture et au moment de rembourser les prêts garantis par l’Etat (PGE). De même, en plus des frais, il y a le problème des congés payés que les patrons doivent continuer à payer alors que les employés sont au chômage technique depuis 14 mois. À ce sujet, nous n’avons toujours pas de réponse non plus. Tous ces éléments agissent comme une bombe à retardement susceptible d’exploser au moment où l’activité reprendra.
Les aides financières sont-elles de nature à limiter la casse ?
Cela dépend des situations. Les discothèques sont soutenues à hauteur de 20% de leur chiffre d’affaires, mais pour certaines qui ont des coûts fixes très élevés en raison de leur situation, ce n’est pas suffisant. Heureusement que les aides sont là, nous ne crachons pas dessus. Mais c’est un système pervers qui met tout le monde sous perfusion. Comme nous le disons depuis le début de l’épidémie, nous n’avons pas vocation à vivre des aides, notre but est de travailler, générer des résultats et amuser les clients.
Des députés ont proposé une ouverture le 30 juin avec la mise en place du pass sanitaire pour pouvoir aller en discothèque, qu’en pensez-vous ?
Cette question du pass sanitaire est d’une grande hypocrisie. Le gouvernement dit qu’il n’oblige personne à se faire vacciner (le pass sanitaire, tel que présenté à ce jour, concernerait aussi les personnes qui ont déjà contracté le virus ou pouvant présenter un test négatif, ndlr) mais, en gros, les gens qui ne le seront pas devront rester chez eux à regarder la télé. Selon moi, il s’agit d’une obligation déguisée. Une grande partie de la population finira de toute façon par avoir son pass sanitaire. Donc, oui, si ça peut nous permettre de rouvrir, je suis d’accord, même si je n’aime pas la façon dont tout cela est présenté.
Craignez-vous une défection de clients qui auraient pris de nouvelles habitudes festives à l’heure de la réouverture ?
Pas du tout, je suis persuadé que les gens ont plus envie que jamais de faire la fête. Et contrairement à la caricature qui présente les boîtes de nuits uniquement comme des lieux où l’on se saoule, nous revendiquons clairement le fait d’être des lieux culturels absolument nécessaires pour le lien social. Des espaces de liberté qui manquent cruellement dans nos vies actuellement. Les Français seront au rendez-vous pour retrouver des moments de joie collective.
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