Face à l’effondrement de leurs stocks sur l’aire urbaine de Toulouse, les promoteurs immobiliers alertent d’une possible pénurie de logements dans les deux ans à venir.
« L’offre commerciale disponible se réduit comme peau de chagrin », se désole Jean-Philippe Jarno, le président de l’Observer, qui publie l’état de santé semestriel du secteur de la promotion immobilière dans l’aire urbaine de Toulouse. Celle-ci ne compte plus que 4200 logements en stock, un niveau jamais vu depuis 2015. En 18 mois, il s’est amenuisé de près de 1 400 logements. « Avec à peine plus de 6 mois de stock théorique, la promotion immobilière frôle la situation de pénurie », prévient l’expert. Cette tension sur l’offre impacte une nouvelle fois les prix du marché : « Ils n’ont jamais été aussi hauts », à 4000 euros le m2 hors stationnement, en hausse de 1% au premier semestre, par rapport à 2020. Les deux tiers de l’activité sont portés par des investisseurs et l’autre tiers par des propriétaires occupants.
Dans la Ville rose, le constat est identique. Avec moins de 1200 logements, le niveau de mises en vente est réduit de moitié par rapport aux années fastes de 2017 à 2019. Et le stock a baissé de 5% sur le dernier semestre, avec 8 mois de visibilité, soit « une situation de sous-offre », insiste Jean-Philippe Jarno. Le prix moyen des logements neufs à Toulouse est en hausse de 2,6% par rapport à 2020, à 4.280 euros le m2. « Ces nouvelles hausses viennent encore rogner les capacités d’investissement des primo-accédants et comprimer d’autant le marché », en déduit le président de l’Observer. À noter que le Sicoval échappe quelque peu à cette morosité, puisque le nombre de logements commercialisés ces 6 derniers mois y est comparable à celui du premier semestre 2019. « Fait rare en 2021, le stock progresse » dans la communauté d’agglomération du Sud-Est toulousain, avec 265 logements disponibles à la vente, concentrés principalement à Castanet-Tolosan et Baziège.
Reste que la profession tire la sonnette d’alarme. « Il est urgent de provoquer un choc de l’offre » selon Jean-Philippe Jarno. « Il y a besoin de loger les gens. Et même si les habitants ne souhaitent pas voir de nouveaux immeubles près de chez eux, les élus doivent délivrer davantage de permis de construire. Sinon, les prix atteindront de tels niveau que le marché se grippera ». Le spécialiste rappelle que, « la durée de gestation » d’une opération immobilière, de l’achat du terrain à la livraison, est en moyenne de deux ans et que « si sursaut il y a, on n’en verra pas les effets avant 2023 ». Enfin, il indique que Toulouse n’est pas la métropole française la plus mal lotie. Bordeaux, Lyon, Lille, Marseille, ou Montpellier connaissent des situations encore plus tendues.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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