À l’occasion de la 22e Semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées, les portes ouvertes, salons et rencontres en tous genres se multiplient partout en France. Des événements visant à démontrer les impacts positifs de l’inclusion du handicap dans le monde du travail. Car, au-delà de la formation et de l’accompagnement, les exemples concrets sont encore les plus sûrs moyens de faire évoluer les mentalités. À l’image de ce restaurant dont la plupart des salariés sont handicapés, de cette association pionnière dans le domaine de l’insertion, ou de cette start-up qui transforme le handicap en une chance pour l’entreprise. Cette semaine, le JT gomme les différences.
Difficile de poser un regard tranché et définitif sur l’évolution de l’emploi des personnes handicapées en France tant le sujet divise. Jugée désastreuse par certaines associations, la situation est, pour d’autres acteurs, en voie d’amélioration. Même les chiffres envoient des signaux contradictoires. Côté face, le taux de chômage des personnes handicapées (19%) est le double de celui de l’ensemble de la population active, avec une courbe qui continue d’augmenter alors que la tendance globale est à la stabilisation.
Côté pile, avec près d’un million de travailleurs, le nombre de personnes handicapées en situation d’emploi connaît, lui aussi, une hausse constante au cours des dix dernières années. « La situation est paradoxale car la progression du chômage auprès de ce public est également liée à l’ensemble des progrès médicaux qui permettent aujourd’hui à des invalides de se porter sur le marché du travail, ce qui n’était pas le cas avant », observe Marc Dujardin, délégué régional de l’Agefiph, l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des handicapés.
« Les personnes handicapées au chômage sont plus âgées et bien moins qualifiées que la moyenne globale »
Au rayon des avancées, l’Obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH), instaurée dans les années 1980 et imposant un quota de 6 % dans les entreprises de plus de 20 salariés, a semble-t-il porté ses fruits en termes de sensibilisation et d’ouverture. La part des sociétés qui emploient au moins un salarié handicapé est passée de 60 % en 2006 à 80 % aujourd’hui. De même, le taux d’établissements qui ne mènent aucune action positive et se contentent de verser une contribution financière à l’Agefiph n’est plus que de 8 %, contre 26 % il y a dix ans. Cependant, 30 % seulement des employeurs respectent l’obligation des 6 % en ayant uniquement recours à l’emploi direct.
« Beaucoup d’entreprises ont encore une image erronée du handicap »
« Il subsiste des freins structurels. On constate, par exemple, que les personnes handicapées au chômage sont plus âgées, bien moins qualifiées et restent plus longtemps inactives que la moyenne globale. Ce sont des indicateurs préoccupants sur lesquels il est indispensable de se pencher », développe Marc Dujardin. En outre, l’allongement de la vie professionnelle et les pathologies tardives qui en découlent augmentent le nombre de personnes obtenant un statut de travailleur handicapé. Un nouveau sujet d’inquiétude, que ce soit en termes d’accès mais aussi de maintien dans l’emploi.
Les premiers concernés évoquent, eux, des difficultés liées au manque d’information sur leurs droits, la méconnaissance des différents acteurs ainsi que la complexité administrative des procédures. Surtout, les représentations autour du handicap ont la vie dure et constituent une sorte de plafond de verre selon Marc Dujardin : « La société évolue sur le sujet, mais beaucoup d’entreprises ont encore une image erronée et s’imaginent devoir réaliser d’importants aménagements pour inclure un travailleur handicapé. Il faut continuer le travail de démystification et se battre pour démontrer que handicap et emploi ne sont pas antinomiques, bien au contraire. »
© Le Journal Toulousain
Source : Agefiph
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